Dix ans et 230 pages pour sortir la France de l'ornière
C’est une constante chez tous les pays confrontés un jour ou l’autre à une crise et qui s’imposent une réflexion pour en sortir. L’horizon 10-15 ans a été choisi, entre autres, par la Suède, le Danemark, le Canada et, bien sûr, l’Allemagne avec l’Agenda 2010 de l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder.
‘’La France dans 10 ans’’, c’est un rapport assez général – je ne dirais pas vague car, aux côtés de grandes considérations du genre ‘’il faut se hisser parmi les 10 pays où on vit le mieux’’ ou ‘’il faut réduire l’illettrisme de moitié’’ –, ce rapport propose quelques mesures concrètes.
Et puis il a une vertu : montrer l’ampleur de la tâche. Tellement vaste que les pistes de réflexions sont nombreuses et imposent une hiérarchie de l'action.
Ce rapport repose sur une trentaine d’indicateurs chiffrés et fait un constat sans concessions de l’état de la France
Pour reprendre les propos mêmes de Jean Pisani-Ferry, il ne s’agit ni d’un essai de futurologie, ni d’un exercice de projection économique, encore moins d’un catalogue de réformes supposées indispensables. C’est plutôt une analyse des enjeux essentiels auxquels la société française doit répondre. Une France qui, si elle ne fait rien, ‘’aura le même destin que l’Italie’’, n’hésite pas à déclarer l’auteur du rapport dont la teneur doit beaucoup à sa personnalité.
Ancien membre du cabinet de Dominique Strauss Kahn à Bercy, fondateur et ancien directeur du think tank européen Bruegel basé à Bruxelles, Jean Pisani-Ferry est un homme ouvertement de gauche, social-démocrate teinté d’un libéralisme mesuré.
Que propose-t-il exactement ?
D’un côté, il y a la philosophie générale : ‘’que les élus ressemblent plus aux électeurs’’. C’est ce que se dit plus d’un Français aujourd’hui et que cela soit rappelé et martelé ne peut pas faire de mal. En clair ; il faut revivifier la démocratie et rénover les institutions politiques.
Pour ce qui est de la technique, Pisani-Ferry propose, entre les lignes, de remettre en question l’universalité de la protection sociale pour la diriger vers les plus nécessiteux, quitte à réviser le partage public - privé dans la couverture de certains risques. Il propose également de revoir la politique du logement en réduisant les prix de 30% au moins ; de pérenniser le Pacte de responsabilité en incluant la baisse des charges sociales dans le barème des cotisations patronales… et puis bien sûr réduire les dépenses publiques. Rien de bien nouveau mais l'économiste appuie sur des points qui font mal.
En gros, il joue la carte de la réforme
10 ans, à l’échelle de la gestion d’un pays, c’est demain. Il faut donc réformer avec courage et abnégation. ‘’Réformer un pays qui a commencé à perdre du terrain, à la manière d’une équipe de football constituée d’individualités brillantes mais maladroite dans le jeu collectif" (dixit).
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