Ces ados en mal d'éco
Vous vous souvenez peut-être de cette phrase prononcée par l'ancien Premier ministre Michel Rocard en 2007 : "L'enseignement de l'économie est une catastrophe ambulante responsable du blocage social en France ." Régulièrement, de nombreuses voix s'élèvent chez les économistes et dans les rangs patronaux pour demander une révision des programmes et des manuels. Cette enquête PISA de l'OCDE sur les compétences scolaires continue d'apporter de l'eau à leur moulin.
L'évaluation menée dans 18 pays auprès d'élèves de 15 ans a été faite à partir d'un questionnaire écrit. Les élèves devaient, par exemple, faire la différence entre une facture à régler et une facture déjà acquittée, faire la différence entre un salaire brut et un salaire net ou encore décrypter une offre de crédit.
Les conclusions
Environ 1 élève sur 5 n'atteint pas le niveau de compétence de base en culture financière. Les petits Français se font dépasser par les petits Chinois – premiers au palmarès –, par les enfants de la communauté flamande de Belgique (c'est très précis), mais aussi par les Estoniens et les Australiens. Les Américains sont derrière nous.
Handicap pour la suite
Cela dit, est-ce aussi important de connaître les rouages de la finance à 15 ans ? Pas dans les détails. Mais cela montre que les ados ne sont pas forcément armés pour affronter les choix auxquels ils commencent à être confrontés. En fin de collège et début de lycée on s'approche d'échéances importantes, c'est une première transition vers une vie étudiante plus indépendante ou, pour certains, assez rapidement vers la vie active. Ce manque de culture financière peut être un handicap pour la suite de leur parcours.
Dans les pays d'Europe de l'Est, la culture financière réapparait dans les programmes pour former les jeunes au monde auquel ils vont être confrontés. Les chercheurs y voient la volonté des autorités des pays anciennement communistes d'intégrer les jeunes générations au nouveau système économique et financier mondial.
Parler d'argent en classe
Le vieux débat de la révision des méthodes d'enseignement revient donc sur le devant de la scène. Si on fait abstraction des discussions possibles en famille (ce qui n'est pas toujours évident autour des questions financières), en France, contrairement à de nombreux autres pays, le ministère de l'Education nationale impose des cours d'économie mais pas de finance personnelle ni d'éducation financière au sens large.
D'abord le corps enseignant n'y est pas favorable... difficile de parler d'argent en classe. Et lorsque cela est fait, il suffit d'ouvrir quelques manuels scolaires pour s'apercevoir que l'économie y est présentée dans sa version déprimée et anxiogène, génératrice de conflits sociaux à travers les siècles. Une grande place est donnée au rôle de l'Etat comme acteur principal mais rarement la réalité de la vie des entreprises et leurs contraintes sont évoquées.
Charlie Chaplin serrant les boulons, exploité par un froid et distant patron quasi tortionnaire dans Les Temps Modernes n'est qu'une vision des choses... certainement pas la seule image à laisser à des enfants en devenir professionnel.
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