Brexit ou pas, il est urgent de revoir l'union budgétaire européenne
Après l’épisode grec, l’Europe est en train de vivre la plus grave crise depuis sa naissance. Que la Grande-Bretagne décide ou non de sortir de l’Europe, l’Union européenne est à la croisée des chemins. Le mot "Union" est bien galvaudé.
Le moment est venu de consolider les bases, revoir un système qui a montré ses limites.
Réinventer une politique budgétaire
Il faut avoir l’humilité de le reconnaître : la gouvernance économique de la zone euro se cherche toujours, l’union budgétaire (le grand budget fédéral) est resté au stade de miroir aux alouettes.
Que faire ? Le Conseil d’Analyse Economique – instance placée auprès du Premier ministre – y consacre sa dernière note** , publiée justement hier, avant l’ouverture du sommet européen. Trois économistes : la patronne du CAE, Agnès Benassy-Quéré, Xavier Ragot et Gutram Wolff se sont penchés sur la question.
Que proposent-ils ?
Les trois économistes proposent de revoir tous les mécanismes présentés jusqu’à aujourd’hui comme stabilisateurs mais qui, en réalité, ne l’ont jamais été.
Un budget fédéral est impossible à notre stade d’intégration politique et sociale ? Faisons reposer la stabilisation budgétaire sur les politiques nationales, dans le respect des démocraties. Les Etats sont invités à mettre en réserve les excédents dégagés quand la situation va mieux plutôt que de les dépenser une fois qu'une petite "cagnotte" apparaît.
Finies les politiques à géométrie variable en fonction des difficultés des uns ou des autres à respecter les objectifs d’endettement. En cas de tangage sérieux, un Conseil budgétaire européen trancherait et assurerait lui-même la coordination.
L’idée serait aussi de faire de la stabilisation budgétaire par des règles automatiques et non plus des décisions politiques.
Bénassy, Ragot et Wolff proposent de ne plus imposer des ajustements budgétaires contre-productifs aux pays en crise comme on l'a vu en Grèce ou ailleurs, et vont jusqu’à proposer une mutualisation des mioyens en cas de chocs de grande ampleur, notamment un système européen de réassurance chômage, financé par tous les pays grâce à des cotisations modulées en fonction de critères non pénalisants.
La question de la souveraineté des pays membres se posera toujours
Les propositions faites par nos trois économistes laissent une plus large place aux démocraties nationales avec, certes, un verrouillage fédéral en cas de dérapage.
A chaque Etat de prendre ses responsabilités. Mais la règle du "chacun pour soi" n’a jamais profité au "vivre ensemble", ce dont l’Europe n’a jamais eu autant besoin.
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