Airbus Group se lance dans la banque
L'idée d'Airbus Group de se
doter de sa propre banque de financement remonte à 2012
et, si tout va bien, l'intégration de la Salzbourg München Bank (350 millions d'euros d'actifs et 50
salariés) sera finalisée en 2014. Elle s'appellera alors Airbus Group Bank et
sera transformée progressivement en un outil capable de soutenir les activités
de l'industriel sans passer par le circuit bancaire traditionnel.
Airbus n'est pas seul
à le faire
En France, l'exemple
le plus médiatisé, en raison de l'actualité du groupe, c'est PSA Peugeot
Citroën. La banque PSA Finance propose des crédits auto à ses clients et vient
de se renforcer en passant un accord commercial avec l'espagnole Santander. PSA
Finance qui a reçu récemment une caution de l'Etat français de quelque 7
milliards d'euros. Ailleurs en Europe, on pourrait encore citer Siemens,
Volkswagen ou Fiat qui vient de faire sa demande d'agrément. Il y a toujours
l'exception qui confirme la règle : General Electric qui a été frappée de
plein fouet par la crise de 2008, et qui a beaucoup perdu dans sa branche
financière, a décidé de revoir son modèle.
La stratégie est-elle
identique pour tous ces groupes ?
Disons que chacun a
ses propres intérêts. Pour Airbus, disposer à terme de sa propre banque lui
permettra de gérer sa très grosse trésorerie (entre 8 et 9 milliards d'euros),
et pourra, comme toutes les banques, accéder au crédit, emprunter, à la BCE à
des taux défiant toute concurrence (ce qui est impossible en tant que tel pour
les industriels). Idem pour Siemens qui dispose de sa banque depuis 3
ans : l'objectif est également d'offrir à ses clients industriels ou
sous-traitants des solutions financières clef en main. Quant à Volkswagen, la
banque du groupe automobile déploie tous ses charmes en Chine pour y séduire
ses clients potentiels. Encore une illustration concrète du fort tropisme des
industriels allemands pour l'Empire du Milieu.
Pourquoi vouloir
contourner ainsi le système bancaire traditionnel ?
Ce
n'est pas un contournement à 100% car l'industrie est – et restera – une grosse
cliente des établissements financiers. Mais c'est une manière de réduire les
risques. Il faut bien voir que cet appétit bancaire des industriels a grossi
avec la crise économique de 2008 et celle de l'euro en 2011. On cite
généralement les difficultés des PME à trouver du crédit, les prêteurs étant
accusés d'être frileux. Mais les grands groupes ne sont pas épargnés. Les
accords de Bâle 3 qui régulent le secteur bancaire depuis la crise ont provoqué
chez les grandes banques d'investissement une concentration du crédit à long
terme qui sert justement à financer les plus beaux projets, les plus lourds.
C'est
de toute évidence un climat de défiance - mais qui ne dit pas son nom - qui
s'est peu à peu instauré. Les grands industriels qui en ont les moyens
sécurisent leurs actifs. Cet autofinancement des entreprises est un phénomène
qui ne peut que se développer.
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