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Affaire Crédit Lyonnais, le solde de tout compte

L'Etat va emprunter 4 milliards et demi d'euros pour régler l'ardoise du retentissant naufrage de la banque publique il y 20 ans. L'échéance était initialement fixée au 31 décembre 2014 mais Bercy a voulu accélérer l'opération du "solde de tout compte".
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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L'affaire aurait pu passer inaperçue si le journal le Parisien/Aujourd'hui en France n'avait pas rouvert le dossier samedi. Le long week-end férié ne va pas permettre de le refermer car il en sera officiellement question mercredi en Conseil des ministres. Concrètement, après-demain, l'Etat autorisera l'Agence France Trésor à emprunter sur les marchés 4 milliards et demi d'euros pour rembourser les dernières dettes générées par la quasi faillite de la banque publique en 1993.
On pourrait se dire : comment ? Comment peut-on encore se permettre d'emprunter au risque d'alourdir notre dette ? En réalité, cette mesure est inscrite dans le projet de loi de finances rectificatives 2013 mais, par un artifice comptable, le montant n'apparaîtra pas dans le déficit public.


Reste que la somme existe bel et bien. Pourquoi l'Etat décide de régler cette ardoise maintenant ?*

Officiellement parce que les taux d'intérêt sont très intéressants. C'est le moment de saisir une opportunité qui pourrait ne pas se représenter de si tôt. Il faut venir à bout de reliquat de dette qui est une patate chaude, un fil à la pate, depuis le milieu des années 2000. Les 4 milliards et demi en question auraient du être remboursés progressivement par plus petites échéances mais depuis 2007, tous les gouvernements se repassent le mistigri qui pèse 0.2% de la richesse nationale (le PIB). Ces 4 milliards et demi sont les derniers d'une dette totale de 19 milliards.

Un peu d'histoire pour bien comprendre

Lors de la déroute du Crédit Lyonnais, l'Etat monte 2 structures : le CDR (le Consortium de Réalisation) chargé de gérer les créances douteuses de la banque ; et puis, 2 ans plus tard, l'EPFR (l'Etablissement Public de Financement et de Restructuration) chargé, lui, de soutenir la banque à bout de bras. A l'époque, l'EPFR emprunte au Crédit Lyonnais 130 milliards de francs (19,8 milliards d'euros) qu'il est censé lui rembourser chaque année grâce à des dotations de l'Etat inscrites dans la dette - la banque lui prête l'argent grâce à des cessions d'actifs. Le solde de 4 milliards et demi d'euros ne reviendra pas directement au Crédit Lyonnais mais aux investisseurs sur les marchés.

Est-ce que cela clôt le dossier définitivement ?

Non car il y a toujours le volet judiciaire... sur ce plan, le feuilleton se poursuit, notamment l'affaire ADIDAS que le Lyonnais avait racheté à Bernard Tapie. C'est le fameux arbitrage controversé sur la compensation de 400 millions d'euros versée à l'homme d'affaires s'estimant floué.
Jusqu'à présent, la faillite du Crédit Lyonnais a coûté 223 euros par Français... et l'aventure continue.

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