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Accord sur la dette grecque, tout reste à faire

Après 12 heures de négociations à Bruxelles la nuit dernière, les pays membres de la zone euro se sont mis d'accord sur le plan de sauvetage de la Grèce. Athènes semble sauvé de la faillite qui menaçait dès le mois de mars, mais peut-on vraiment parler de dénouement heureux ?
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
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Oui sur le court terme, Non sur le long terme. Le consensus intervenu cette nuit porte sur un total de 237 milliards d'euros : 130 milliards d'aide directe jusqu'à fin 2014 et 107 milliards d'effacement de dette. Les créanciers privés et publics ont concédé des efforts supplémentaires... côté privé, banques et fonds d'investissements acceptent de s'assoir sur 53% et demi% de ce qu'ils ont prêté contre 50% initialement prévu (ce sont les 107 milliards), un record dans l'histoire économique mondiale puisque supérieur à ce qui avait été déboursé pour restructurer la dette de l'Argentine. Du côté des créanciers publics, les banques centrales réduiront les taux d'intérêt des remboursements.

L'accord intervenu cette nuit prévoit quand-même des contreparties de la part de la Grèce...

La principale est la surveillance dont Athènes va faire l'objet avec – c’est acquis – l'installation sur place d’une mission permanente de la Commission européenne et du FMI. On ne parle pas officiellement de "mise sous tutelle" mais l'Europe veut contrôler et aider les autorités politiques à moderniser l'appareil d'Etat. Surveillance contre souveraineté… c’est le prix du sauvetage qu'il va falloir faire comprendre à la population.

Rien n'est donc, selon vous, réglé sur le fond, à long terme !

Non. Les 237 milliards dont nous parlons vont servir uniquement à rembourser la dette de la Grèce mais pas à relancer de manière structurelle et pérenne l’économie nationale. Et puis il va falloir créer des impôts aujourd’hui inexistants ; créer un cadastre pour savoir où en est le pays sur le plan territorial ; contraindre certains secteurs comme les armateurs à rapatrier les sommes colossales d'argent placées à l’étranger en dehors de tout contrôle fiscal.  Enfin, plusieurs points restent en suspend dont l’idée de créer un compte bancaire spécifique destiné à stocker l’argent pour qu’il soit utilisé à bon escient et non dilapidé par l’administration... cette structure, les grecs n’en veulent pas.
Quant à l'Europe, elle doit également faire son aggiornamento. Il est évident que Bruxelles s’est trompée dans l’expertise. Elle a tergiversé, tardé à prendre les bonnes décisions et puis surtout, s’est trompé de priorités : aujourd’hui, deux ans après le début de la crise, la recherche de compétitivité et de croissance redeviennent – je dirais enfin – prioritaires, avant même la consolidation budgétaire. Que ne l’a-t-on fait dès le début ? Cela restera probablement le principal regret.

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