Accord médecins, gouvernement : les praticiens ne sont pas des "pigeons"
Historique par le nombre d'organisations signataires, peut-être. Cet accord est-il pour autant parfait ? Non, loin s'en faut ! Si les médecins ont dit "banco", ce n'est pas le cas des mutuelles qui n'ont pas cautionné le protocole. Or, ce sont les mutuelles qui devront prendre en charge la majeure partie des dépassements d'honoraires dont il est question. Il va donc falloir régler ce point capital avec celles qui ne veulent pas être les dindons de la farce. Pour référence, les dépassements d'honoraires représentent aujourd'hui 2 milliards et demi d'euro en cumul et qu'il faut bien prendre en charge.
Concrètement, qu'est-ce que cet accord va changer pour les patients ?... qui sort réellement gagnant de ces négociations ?
Pour les patients les plus démunis, et ceux habitants en secteur 2 où les honoraires sont libres, le remboursement des soins sera sensiblement meilleur grâce à l'engagement pris par les médecins de limiter les dépassements d'honoraires. Mais quand on gratte un peu l'accord, on constate objectivement que les grands gagnants ne sont pas les comptes publics mais les praticiens. D'abord, ceux qui s'engagent à limiter leurs tarifs bénéficieront d'allègements de cotisation (ce qu'ils concèdent d'un côté, on leur redonnera en partie de l'autre... et cela, il faudra évidemment le financer). Par ailleurs, le seuil de dépassement de 150% du tarif sécu n'est plus – dans le nouveau texte – un couperet mais un "repère" pour les instances qui décideront éventuellement des sanctions (qu'est-ce que cela veut dire au final ? Aucune idée). Enfin, les médecins du secteur 1, contraints de respecter les tarifs de la Sécurité sociale, vont bénéfcier d'une revalorisation. L'assurance maladie a accepté de mettre 320 millions d'euros sur la table. Le gouvernement dit avoir fait pression, en réalité, il a fait de belles concessions aux médecins libéraux.
Ce qui ne règle rien sur le fond selon vous ?
Comme toujours, et indépendamment des alternances politiques, on reste dans l'urgence du très court terme qui ne prend pas en compte les enjeux futurs. Quid, par exemple, des investissements à réaliser au cours des prochaines décennies pour faire face aux besoins du vieillissement de la population ? La croissance des dépenses de santé est considérée uniquement sous son côté préoccupant mais jamais comme une opportunité de réforme de fond synonyme d'innovation, de compétition et, surtout, d'anticipation. Recourir à de nouvelles sources de financement de la santé ne veut pas dire systématiquement privatiser le système de soins. Rien dans l'accord intervenu hier n'engage les médecins et le gouvernement sur une vraie stratégie de long terme.
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