AAA, quand tu nous tiens
Cela vire à l'acharnement. Le centre d'études européen Conseil de Lisbonne et la banque allemande ARENBERG estiment dans un rapport publié cette nuit que la situation de la France est difficilement compatible avec la notation Triple A sur sa dette (en terme de crédibilité, elle place la France au 13ème rang sur les pays membres de la zone euro). Une étude de plus... et toujours le même message basé sur cette sanction d'agence. Comble du paradoxe et qui laisse la porte ouverte à toutes les dérives : les Etats payent pour être notés (une bonne note signifie pour eux un accès plus facile au crédit pour financer leur dette). Aujourd’hui, on compte trois principales enseignes (on les appelle les Big Three) : MOODY’S, STANDARD and POOR’S et FITCH RATING qui appartient au puissant homme d’affaires Français Marc Ladreit de Lacharrière. De véritables usines à cash : pour 2011, la marge opérationnelle de MOODY’S devrait atteindre 39% ; 43% pour STANDARD AND POOR’S sur le seul premier semestre, et 58% pour FITCH.
Vous évoquiez les dérives possibles… qu'entendez-vous par là ?
Dérives ou dysfonctionnements. Le dernier exemple en date remonte à quelques jours : en pleine crise de la dette, STANDARD and POOR’S publie par erreur une note disant qu'elle enlève son AAA à la France. L’agence envoie un démenti dans les minutes qui suivent mais trop tard, le mal est fait. De deux choses l’une : si c’est une erreur : cela montre l'incompétence de cette société vu les responsabilités qui sont les siennes en ce moment de forte tension… si ce n’est pas une erreur, là, c’est vraiment grave… (une enquête est actuellement menée par l’Autorité des Marchés Financiers… respectons la présomption d’innocence). Et puis, si l’on en 2008, aucune agence de notation n’avait vu venir la crise… souvenons nous de la l’excellente, la meilleure note, attribuée à la banque Lehman Brothers la veille même de sa faillite. Sans commentaire.
Bruxelles a donc décidé de prendre les choses en main…
Parmi les mesures qu'annoncera tout à l'heure le Commissaire européen en charge des marchés financiers, Michel Barnier : la notation des pays européens pourrait être suspendue si ces derniers font l’objet d’une aide au niveau international ; des poursuites judiciaires au civil seraient possibles en cas de faute caractérisée et la concurrence serait renforcée pour éviter les situations de quasi monopoles.
Ces mesures vous semblent-elles correspondre aux besoins ?
Et bien déjà attendons de voir, in fine, ce que le Parlement européen va retenir des propositions du Commissaire. Sinon, on pourrait faire simple : pourquoi, par exemple, ne pas demander aux structures internationales, en prise directe avec la réalité du terrain (Union européenne, banques centrales, FMI) d’émettre également un avis… 10 avis valent mieux qu’un (en tous cas permettent de relativiser la seule note d’une seule agence payée pour la rédiger). Notre seul tord dans cette affaire est certainement de nous agiter et de sauter comme des cabris autour de ces agences… si le politique veut reprendre la main sur les marchés financiers, c’est l’occasion ou jamais de le faire en toute sérénité.
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