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Fête de l’Europe : la crise de foi

Lundi 9 mai, et parfois ce week-end, ce sera la fête de l’Europe. La mairie de Paris l’a placée ce week-end sous le signe du vivre-ensemble, un slogan qui semble vouloir conjurer le sort d'une Europe en crise.
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (photo d'illustration © Maxppp)

L ’Europe est loin d'être à la fête. Elle n’en finit pas de sortir de la crise avec une toute petite croissance, 1, 4 % prévu cette année, un chômage encore élevé et des prix quasi gelés avec une inflation à 0,1 %.

Cette économie de l’ère glaciaire commence un peu à se décongeler avec ce coup d’accélérateur en zone euro au premier trimestre, mais elle reste sous perfusion de la BCE qui aura injecté d’ici mars prochain quelques 1 740 milliards d’euros, dans l’économie, via sa politique de rachat de dette, et sa politique des taux nuls ou presque.

La fête de l’Europe, c’est aussi celle d’une Europe prête à livrer son marché aux Américains  comme le révèlent cette semaine les documents sur les négociations du TTIP et un plan de relance, le plan Juncker, qui peine à se concrétiser alors qu’il doit atteindre plus de 300 milliards d’euros.La convalescence du malade dure toujours, huit ans après le début de la crise.

La crise économique et crise des migrants

Une crise des migrants gérée au jour le jour, avec chacun sa solution : l’ouverture des frontières de façon unilatérale pour l’Allemagne, des murs pour l’Europe centrale, mais surtout deux pays submergés, l’Italie et la Grèce, un accord de répartition à peine respecté (combien a-t-on pris de réfugiés en France ?).

Le problème a été repoussé aux frontières, c’est-à-dire confié à la Turquie qui, malgré son régime autoritaire et compromis commercial avec Daech, à qui elle achète pétrole de contrebande, blé et coton, a pu dealer en contrepartie la reprise de ses négociations d’adhésion avec l’Union.

C’est peu dire que l’Europe est en panne de solution et ne se décide pas à mettre en place une politique d’immigration commune. Le contrôle aux frontières se reconstitue peu à peu. Son rétablissement coûterait quelque 65 milliards d’euros par an à l’Union, selon une étude de l’institut allemand IFO soit plus de 130 € par habitant.

Une Europe qui se défait ? 

On en saura davantage après le référendum britannique du 23 juin, et cet été quand la nouvelle crise grecque sera terminée. Mais on se souvient aussi des velléités d’indépendance de l’Écosse, de la Catalogne, du NON néerlandais à l’accord d’association avec l’Ukraine qui a valeur de désaveux .

Tout cela est arrivé dans un continent qui représente la moitié de la richesse mondiale, avec un système social très protecteur et dont la stabilité depuis 70 ans a valeur d’exemple. Rien désormais n’empêche plus les nationalismes de monter en Hongrie, en Pologne en Autriche, mais aussi en France et même en Allemagne. Le couple franco-allemand, le moteur de l’Europe, par sa vision, ses projets, est occupé par sa politique nationale.

La dérive libérale, sans contrepartie politique ni renforcement de la démocratie est toujours là, même avec Juncker, le président de la commission, dont le pays est champion de l’optimisation fiscale. L’Europe vieillissante est en panne de gouvernance depuis 2005, depuis le référendum sur la constitution, elle vient de faire 10 années de sur place et décourage les opinions publiques aujourd’hui en pleine crise de foi.

 

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