Europe et COP 21, le poids des lobbies
C'est l’histoire d’entreprises ou d’institutions coincées entre business et préservation du climat et qui nous disent : écoutez ce que je dis, mais ne regardez pas ce que je fais. Le rapport d'une ONG a pointé du doigt , cette semaine, l’influence, en Europe, de leur lobbying sur la préparation de la COP 21, et parmi les plus mauvais élèves, le Medef français et Total.
L’ONG Influence Map donne donc un carton rouge au Medef français pour son lobbying anti-climat. Sur une note de A à F, l’organisation patronale se situe au plus bas du tableau avec un E-, pour son double discours plein de bonnes intentions sur le climat, mais qui soutient les énergies fossiles et a plaidé, comme son homologue européen, pour l’affaiblissement des contraintes en matière d’émission de CO2. "Farfelu ", répond le MEDEF, qui assure qu’il défend bien la disparition des énergies fossiles, mais programmée et concertée. Et l’organisation patronale n’est pas la seule à être montrée du doigt.Total est aussi en bonne place avec un petit E car sa défense du climat semble contredire son insistance à tirer vers le bas le système de droits à polluer.
Un autre rapport sur le sujet, publié en mars dernier par les chercheurs du Policy Studies de Westminster avait dénoncé la même chose en pire. Selon eux, 77 % des 500 plus grosses sociétés dans le monde seraient membres de lobbies directement concernés par le changement climatique comme les industries qui consomment beaucoup d’énergie, celles des énergies fossiles, et Business Europe, le Medef européen. Toutes tenteraient d’affaiblir, non seulement le marché européen du carbone, mais aussi les mesures d’efficacité énergétique ou le soutien aux énergies renouvelables au motif, selon Business Europe, que les pays qui ont moins de contraintes concurrenceraient leurs propres entreprises. Autant dire qu’entre croissance et climat, l’Europe, qui est au cœur de cette COP21, aura du mal à avoir l’audace que François Hollande réclame de ses vœux.
**Le poids du lobbying européen **
Comment s'exerce ce lobbying, tout simplement par des rencontres, comme celles des représentants de l’industrie chimique avec l’ancien commissaire au climat pour lui expliquer les conséquences des réductions trop contraignantes de C02 ou encore des rencontres avec des parlementaires européens pour influer sur telle ou telle législation ou encore par l'influence d’anciens parlementaires ou fonctionnaires européens passés de l’autre côté et qui utilisent leur carnet d’adresses.
Il suffit de regarder le nombre de bureaux d’entreprises, de cabinet d’avocats, de banques, de relations publiques ou encore d’associations professionnelles autour des bâtiments des institutions européennes pour en comprendre l’ampleur. Un troisième rapport, celui de Transparency International , publié il y a un an, affirmait que Bruxelles se situait juste derrière Washington en matière de lobbying avec quelques 30.000 lobbyistes, c’est-à-dire presque autant que de fonctionnaires européens.
Depuis 2011, le registre de transparence facultatif recense ce lobbying. On s’y inscrit pour accéder à la commission européenne, si on accepte d’exposer ses actions, ses buts et son budget. Plus de 8.000 lobbies y sont déjà inscrits. Le phénomène représenterait plusieurs milliards d’euros mais fonctionne encore dans un cadre et avec des règles trop floues.
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