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Crise agricole : que peut faire l'Europe ?

Les agriculteurs français viennent d’obtenir des baisses de charges accordées par l’Etat et le commissaire européen à l’agriculture sera à Paris jeudi pour se pencher sur cette crise agricole avec cette question, que peut faire l’Europe ?
Article rédigé par Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
  (photo d'illustration © Maxppp)

Phil Hogan, c’est le nom de ce commissaire européen, reconnaît que la crise du porc et du lait en France mais aussi en Pologne ainsi que des fruits et légumes en Espagne, nécessite une réponse de chacun des Etats. C’est d’ailleurs ce qu’a fait la France en proposant des baisses de charges de 7 points aux agriculteurs. Mais il considère aussi qu’il faut une réponse européenne. Il attend d’ailleurs des propositions innovantes de la part de chacun des pays. L’Europe a déjà débloqué il y a 5 mois un plan d’urgence européen d’un demi-milliard qui n’a rien résolu du tout. Des mesures en faveur du stockage du porc qui ont finalement conduit à en être au même point aujourd’hui. Valls qui en appelle à l’Europe trouve qu’elle fait trop peu et trop tard.

L‘Europe impuissante ?

Impuissante peut-être, mais débordée c’est sûr. Débordée par les changements du marché qui compte de nouveaux acteurs comme l’Inde et la Chine, désormais juste derrière l’Europe dans le palmarès des producteurs mondiaux. Et dans ce palmarès, l’agriculture française est la première de l’union grâce à son lait et son porc. Elle est donc frappée en plein cœur. Avec comme autre handicap, un prix du lait qui varie du simple au double dans l’Union et une concurrence au sein même des 28. La fin des quotas incite aussi à produire plus dans un marché surabondant, un cercle infernal qui tire les prix toujours plus bas. Pour le porc, le problème, c’est le dumping de certains pays comme l’Allemagne avec ses travailleurs détachés payés à la moitié du SMIC horaire et ses charges sociales patronales de toute façon moins lourdes. Côté fruits et légumes, en Espagne, la grande distribution étrangle la filière fruits et légumes, comme elle étrangle aussi les éleveurs de porcs et les producteurs de lait.

Quelle volonté européenne ?

Les aides d’urgence européennes ne servent pas à grand-chose sinon à reculer pour mieux sauter. L’Europe pourrait décider de remonter les prix d’intervention, prix auxquels on achète et stocke les surplus. Mais  le commissaire Phil Hogan n’en a pas l’intention, cela risque encore d’encourager la surproduction. Revenir aux quotas laitiers, qui limitent cette production et font  mécaniquement monter les prix, ça, c’est fini, Bruxelles n’y reviendra pas. Réfléchir à la réorganisation des filières serait une piste. Par exemple, en France les exploitations laitières ne comptent que 47 têtes de bétail contre 143 au Danemark. Quand on sait que Phil Hogan considère que le budget de la PAC, 930 milliards d’euros sur 2014-2020 déjà en diminution de 30 milliards, doit encore baisser, on voit que la volonté européenne n’y est pas. Cette nouvelle PAC a d’ailleurs renationalisé en partie l’agriculture, il ne faut donc pas attendre grand-chose de l’Europe. Phil Hogan vient à Paris le 25 février, deux jours avant l’ouverture du Salon de l’Agriculture. On lui souhaite bon courage.

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