Mourad Boudjellal : "Personne ne va m'expliquer ce qui est bien ou pas moralement"
Le fait d'avoir une mauvaise réputation est une chance,
estime Mourad Boudjellal. "Quand vous rencontrez des gens, ils ont un a
priori défavorable et ils vous trouvent encore plus sympa que ce que vous
pouvez être. "
Cette mauvaise réputation est due au fait qu'il ait dit ce
qu'il pensait du monde du rugby et sur certaines vérités. "Les gens m'ont
fait passer pour quelqu'un d'aigri qui avait une mauvaise réputation parce que
ce n'est pas bien. Mais moi je le répète : il y a trop de gens qui ne
disent pas ce qu'ils pensent et uniquement ce qu'il est bon de dire pour
continuer à grimper dans le système. Mais moi je ne cherche pas à grimper dans
un système. "
Lire un extrait de Ma mauvaise réputation , aux éditions La Martinière
La condamnation
En janvier 2012, il a été condamné à 130 jours de suspension
pour "atteinte à l'image du rugby à l'éthique et à la déontologie sportive".
Après une défaite de Toulon à Clermont (25-19), il avait parlé de "sodomie
arbitrale". Un an plus tard, il ne digère toujours pas sa condamnation. "Quand
on juge quelqu'un sur des mots, même si c'est un écart de langage après un match, cela
veut dire que c'est une commission de discipline morale. Il n'est pas question que je me plie face à une
commission de discipline morale. Personne ne va m'expliquer ce qui est bien ou
pas moralement. "
Le rugby
Mourad Boudjellal a aussi le sens du coup d'éclat. Il s'est
fait remarquer alors que le RCT n'était qu'en 2e division. En 2006, il a fait
venir la star des All Black, le capitaine Tana Umaga, en payant de sa poche
350.000€ pour sept matches.
Mais son chef d'oeuvre, c'était en 2009. Il a fait signer la
star Jonny Wilkinson. Qui a encore marqué tous les points de son équipe
pour la demi-finale. Son salaire : 400.000€ par an. Mais avec Wilkinson, le
chiffre d'affaire sponsors est passé de 2,3 à 7 millions d'euros. Donc cela a
été très largement rentabilisé. "Le véritable prix d'un joueur c'est la
différence entre ce qu'il rapporte et ce qu'il coûte. On manque d'esprit
entreprenarial dans le rugby et je suis le seul qui ait osé. "
La BD
Mourad Boudjellal a créé les éditions Soleil et démarre très
fort en acquérant les droits de Rahan. "Cela faisait des années que les
auteurs n'étaient pas payés et j'en ai tiré la conclusion que celui qui revendiquerait
les droits de Rahan, revendiqueraient aussi la dette des auteurs. Et personne ne voulait de cette dette. "
Quand il était dans la BD, Mourad Boudjellal avait inventé
la "blague du vendredi". Il réunissait son équipe dans son bureau, et il
passait un coup de fil, un canular, en mettant le haut parleur pour que tout le
monde en profite.
Un jour il a appelé Pechiney. "J'avais dit que j'en avais marre des avions qui ne respectaient pas les horaires de nuit et que le prochain je l'abattais. Donc je voulais un missile solaire. J'ai réussi à aller jusqu'à un service qui faisait des devis et j'ai franchi pas mal d'étapes. On sait que l'on ne va pas réussir mais le but est d'aller le plus loin possible. "
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