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Une horreur ordinaire

Un chômeur amputé d'un doigt qui reçoit une offre d'emploi pour découper des porcs, cela ne s'invente pas... Cela vient d'arriver en Belgique et, au delà de la caricature presque irréelle, cela montre le caractère totalement déshumanisé, machinisé, routinisé de la manière dont sont traités les chômeurs. Et si on remettait de l'humain à l'endroit le plus important, là où la dignité est en jeu ?
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce matin, l’autre info est en Belgique

L’autre info belge du jour est exemplaire parce qu’elle dit beaucoup de la société dans laquelle nous vivons. C’est l’histoire d’un chômeur qui reçoit une offre d’emploi…

C’est plutôt une bonne nouvelle alors…

Nos auditeurs et Luc Châtel vont pouvoir en juger. Le chômeur se nomme Frédéric. À la suite d'un accident, il a dû être amputé de l'index de la main droite. Il y a une quinzaine de jours, une lettre du FOREM est arrivée chez lui. Le FOREM c’est L’Office wallon de la formation professionnelle et de l’emploi. La lettre reçue par Frédéric, amputé d’un doigt, je le rappelle, lui propose… une formation de découpeur-désosseur de porcins…

C’est affreux…

C’est le monde dans lequel nous vivons… Alors forcément Frédéric n’a pas donné suite, il explique à la RTBF qu’il ne tient pas à avoir un nouvel accident et à se couper un deuxième doigt…

Comment une telle erreur est-elle possible ?

Le pire c’est que ce n’est pas un ratage. Quand il expédie des courriers aux demandeurs d'emploi, le Forem ne peut pas tenir compte de leurs informations médicales individuelles. C’est ce qu’explique à la RTBF la responsable formation du FOREM de Verviers qui a envoyé ce courrier… Elle est évidemment, je cite  « navrée par rapport à la personne qui a pu recevoir ce courrier et mal le vivre ». Mais le FOREM ne peut pas éviter ce genre d’accident puisque tout ce qui est médical n’apparaît pas dans sa base de données. Le FOREM ne se préoccupe que des informations professionnelles, comme le niveau d'études, la maîtrise des langues ou les autres métiers que le chômeur a pu exercer. Alors évidemment cette histoire  peut apparaître extrême. Mais en allant un peu plus loin elle n’est pas si caricaturale que ça.  Dans les commentaires sous ce récit sur le site de la RTBF, il y a ces quelques mots, jetés là, par une femme nommée Dominique. Je la cite : "Mon mari a été licencié en novembre d'une grande entreprise de la région alors qu'il y travaillait depuis de nombreuses années. Quel ne fut pas notre étonnement lorsqu'en avril dernier, il a reçu une convocation du forem pour se présenter à un post de cariste dans cette même entreprise". Voilà… Monsieur Châtel ce que montre ce commentaire tout autant que l’histoire édifiante qui le précédait c’est le caractère machinal, machinisié, parfois déshumanisé - je n’ai pas dit inhumain, mais je l’ai pensé - des institutions publiques censées venir en aide aux chômeurs. Vous savez que plus personne ne vous croit, vous les politiques, quand vous nous parlez du traitement du chômage et des chômeurs ?

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