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Le "tueur" partait jouer au cricket...

C'est un invraisemblable ratage qui a eu lieu à Bruxelles. Au mois d'août un agent de sécurité repère un homme qui semble dissimuler une arme sous un pull. Il le photographie et envoie le cliché aux autorités. Une enquête est ouverte qui ne donne rien. Le 15 novembre un avis de recherche est publié. Les médias s'emballent. Assim Abassi se reconnaît et se "dénonce". Il allait jouer au cricket...
Article rédigé par Guy Birenbaum
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce matin l’autre info est à Bruxelles

C’est une histoire assez démente qui dit bien le climat anxiogène voire totalement parano qui règne dans nos pays ces temps-ci. Nous sommes le 24 août. Un jeune homme, dont on apprendra bien plus tard qu’il est pakistanais, se balade dans une Avenue de Bruxelles avec un objet un peu long, difficile à identifier, emballé dans son sweat. Un membre du service de sécurité de la résidence de l'ambassadeur israélien trouve l’individu suspect et il le photographie. Il faut se souvenir ici que l’attentat contre le musée juif de Bruxelles, perpétré par le français Meddhi Nemmouche, a eu lieu juste trois mois avant, jour pour jour, le 24 mai. Le service de sécurité décide donc de transmettre à la police et au parquet les clichés du suspect et de son drôle d’objet caché.

Là, une enquête est ouverte…

Oui, sur instruction du juge pour retrouver l'identité du jeune homme. L’enquête ne parvient pas à l’identifier pendant plusieurs mois. Du coup, le juge d'instruction décide, le 15 novembre dernier, de diffuser un appel à témoin et de publier les images du jeune homme. Le 18 novembre la presse belge embraye sans aucune précaution et diffuse l'avis de recherche. La dernière heure titre même « Un tueur antisémite dans la nature ? » Avec un point d’interrogation

Sauf que ce n’est pas du tout un « tueur »…

Assim Abbassi, c’est son nom, voit sa photo passer dans les médias. Il va tout de suite à la police pour s'expliquer. Il ne transportait pas du tout une arme, ce 24 août, mais sa batte de cricket, puisqu’il allait s’entrainer ! Simplement quand la photo a été prise, comme il pleuvait, Assim Abassi avait protégé sa batte en bois dans son sweat à capuche. Pour la police et la justice l’histoire s'arrête là. Mais pas pour Assim Abbassi qui s’est retrouvé mis en cause à la « une » des médias totalement à tort. Là l’affaire se complique. Dans un premier temps plusieurs médias belges affirment que le père d’Assim qui était employé de l’ambassade du Pakistan aurait été licencié. Pire, les titres de séjour de toute la famille seraient supprimés et les Abbassi menacée d’expulsion. Là des internautes se mobilisent en masse. Mais coup de théâtre hier soir. L’ambassade du Pakistan dément. Le père d’Assim aurait juste terminé son mandat de quatre ans à l’ambassade ; son départ n’aurait rien à voir avec les faits relayés par erreur dans la presse concernant son fils. On en est là… Alors on voit bien Madame Taubira, avec cette confusion piteuse, que dans tous les pays, les autorités sont à cran. Comment fait on quand on est Ministre de la Justice pour rassurer et protéger son pays sans céder aux rumeurs et en se gardant des bavures ?

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