Si j'étais... François Hollande
François Hollande entame la dernière ligne droite avant la fin de son quinquennat à l'Élysée. Il ne lui reste que 100 jours à la tête du pays. Karl Zéro s'est mis dans la peau du président de la République.
Si j’étais François Hollande, je serais locataire de l’Élysée pour encore 100 jours. On juge souvent un quinquennat sur ses 100 premiers jours, on appelle cela l’état de grâce. Pour moi, force est de reconnaître qu’il n’eût rien de gracieux, on passa très vite à l’état comateux.
Moi, président de la République, je ne suis pas parvenu à honorer le tiers de mes promesses de campagne, loin s’en faut, à commencer par la principale, faire en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire. Il ne l’’a guère été mais quelle importance, c’est du passé, n’en parlons plus. Car c’est ici et maintenant, sur mes 100 derniers jours, qu’on va me juger. Moi, plus président de la République, vous verrez que je serai salué par tous comme celui qui a sauvé la gauche, la France, l’Europe, et in fine le monde. Rien que ça !
Emmanuel Macron sera président
Mine de rien, la gauche, enfin la mienne, la seule, de gouvernement, social-démocrate et européïste, je suis en train de lui donner une chance bien réelle de conserver le pouvoir, au moment où je vous parle. La pénible affaire Fillon n’en finit pas de rebondir et va conduire ce candidat de l’honnêteté, de la droiture, à renoncer après s’être tristement arquebouté encore quelques jours. Ses amis, ses soutiens qui le détestent vont le lâcher d’ici peu. Tout le désignait comme grand gagnant de la présidentielle, et le voilà dernier dans les sondages. C’est le jeu politique !
En lieu et place, c’est Emmanuel Macron, qui reste malgré tout mon fils spirituel, qui sera élu en avril contre Marine Le Pen. Oh je sais, Emanuel m’a trahi ! Mais justement, n’est-ce pas la preuve de notre évidente filiation, de notre proximité quasi-consanguine ? S’il ne m’avait pas fait ce coup de Jarnac, ce meurtre du père, Emmanuel m’aurait déçu. Je ne pouvais concevoir d’avoir Valls comme héritier. Trop cassant, trop urticant. Quant à un enragé comme Hamon, n’en parlons pas.
L'Élysée mis en cause
Si j’étais François Hollande, j’aurais lu ici et là, j’aurai entendu dans la bouche de ténors ulcérés de cette droite rance des accusations très graves : ce serait l’Élysée qui aurait abreuvé Le Canard enchaîné en révélations abasourdissantes sur les emplois de Penelope et des enfants Fillon. On a même cité le nom du secrétaire général de l’Élysée ! On a même accusé nommément M. Jouyet d’être à la manœuvre dans ce "coup d’Etat institutionnel" ! C’est effarant. C’est effarant que ces abrutis aient mis autant de temps à s’en rendre compte. Ça montre le niveau à droite.
Le plus guignolesque, c’est qu’ils s’en offusquent : s’ils étaient à notre place, ils auraient fait quoi ? La même chose, en pire. Ici, c’est l’Éysée, c’est pas Legoland ! Avec Jouyet, quand on a vu que Fillon allait remporter la primaire, on était surpris, emmerdés, alors on s’est fait rapatrier de Bercy les dossiers fiscaux des Fillon, pour voir si Monsieur Propre l’était autant que ça. On n’a pas été déçus. Avec Jouyet, on a choisi la bonne fenêtre de tir, juste après la primaire à gauche, juste avant le premier grand meeting des Républicains. Et depuis, on envoie à intervalle régulier la purée au Canard. Et dès mercredi, on remet ça !
En fait, ça commence !
Vous pensiez tout de même pas qu’on allait laisser l’Elysée à un malade issu d’une secte de grenouilles de bénitiers gaullistes, à l’heure où le Brexit fait éclater la construction européenne, où tout notre système mondialisé s’effondre sous les coups de boutoir de Trump et de Poutine ? Vous nous prenez pour des brêles ? Nos amis de Wall Street et de Francfort et de la City n’auraient pas compris.
Moi, encore président de la République, je vous fait une promesse : mes 100 derniers jours viennent de commencer et ils feront date dans l’histoire.
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