Si j'étais... François Fillon
Karl Zéro s'est imaginé dans la peau de François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle.
Si j’étais François Fillon, je me pincerais. Pour vérifier que je suis encore là. Je me pince, oui, je sens que je me pince, aïe, donc je suis encore là. Mais visiblement plus dans la tête des médias, qui souhaitent organiser dès maintenant un débat de type second tour Le Pen-Macron. Une idée que personnellement, je trouve formidable, mais on va y revenir…
Mes nombreux détracteurs sont évidemment furieux, pour ne pas dire… sur le cul. Il y a ceux qui pensent que je n’ai plus rien à faire dans la course, mais que puisque je suis encore là, on va faire comme si j’y étais pa. C'est vrai que j’aurai du être définitivement lessivé par l’affaire des emplois supposés fictifs de mon épouse… Et puis ceux qui pensaient que, accablé par les abandons en rase-campagne de l’ensemble de mes soutiens, mes chers compagnons de route du gaullisme et du centre-mou, j’allais me faire hara-kiri. Ces couards étant revenus aussi vite qu’une volée de corbeaux, le jour même où j’ai refusé de lâcher la rampe, ont définitivement mis fin au rêve de me voir disparaitre de l’échiquier… Pire, je me maintiens tranquillement à 20% dans les sondages. Et il me reste 40 jours pour dépasser Macron… Et créer la surprise. Les surprises ça me connaît, non ? A leurs yeux, Marine Le Pen est exaspérante, on les comprend, quand à moi je suis le sparadrap dans Tintin. Rôle ingrat, mais je ne suis plus à cela près !
Les costards, ça ne me coûte même pas un tiers de point
Si j’étais François Fillon, j’aurais fait le calcul : l’affaire Penelope ne m’a fait perdre que six points dans les sondages. Permettez-moi d’être légèrement cynique, tel un petit épicier de la politique… 950 000 euros de salaires soi-disant indus, divisé par six points de sondage, ça nous met le point à 158 000 euros. Je dis ça par rapport au nouveau scandale censé me mettre définitivement hors-jeu depuis dimanche, l’affaire des costards de grand luxe à 6 500 euros pièce offerts par un ami secret… C’est petit. J’en rigole, comme de ma première chemise offerte. Vous avez vu, je ne réagis même plus, je hausse les épaules genre: "Et vous n’avez trouvé que ça ? Petit bras !"
Donc, tous les costards offerts depuis 2012, ça se monte à 45 000 euros, et si on fait la règle de trois, ça ne me coûte même pas un tiers de point ! Au lieu de 20% d’intentions de vote, ça me met à 19,75 % : y a pas mort d’homme !
Va falloir trouver autre chose
Et ça se rattrape facilement : un débat Le Pen-Macron par exemple, m’excluant d’emblée du paysage, me fera automatiquement gagner dans les trois points, tant les gens ayant le sentiment qu’on les prive d’un débat, horriblement déçus de ne pas entendre Marine ou Macron me reprocher des emplois fictifs…
Non, va falloir trouver autre chose mes amis… Du lourd ! Je dis "mes amis", façon de parler, car vous n’êtes du tout mes amis, d’ailleurs à vrai dire je n’ai plus aucun ami, je l’ai encore constaté très récemment. Mais votre souci, pour m’achever, c’est de trouver l’info qui tue. Or, vous êtes des petits journalistes aux ordres, même pas tous de gauche en plus, non, juste des journalistes aux ordres, pas de réels enquêteurs… On vous fournit une info, vous l’exploitez jusqu’à la corde, mais aller la chercher, c’est une autre histoire. C’est là où le compte à rebours s’inverse… Il ne vous reste 40 jours avant de subir ma terrible, et cruelle et éternelle vengeance. Allez, je vous laisse, cherchez bien ! Des indices ?
Mes cheveux ? Après tout ça peut chiffrer, remember le coiffeur d’Hollande… Ma voiture, peut-être ? Après tout, la Porsche de DSK… Mes frais de bouche ? Allez savoir, peut-être ai dépassé les 120 000 de Macron ? Il vous reste 40 jours… Après… panpan cu-cul !
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