Si j'étais... Donald Trump
Karl Zéro s'est mis dans la peau du président américain, qui doit prononcer son premier discours devant le Congrès.
Si j’étais Donald Trump, je devrais prononcer, mardi 28 février, mon premier discours devant le Congrès, c’est à dire les deux chambres réunies. Ils auront abattu les cloisons, j’ai hâte de voir ça ! C’est une tradition très importante par chez nous : depuis Georges Washington, le gars qui a donné son nom à la ville où j’habite, le Commandant en chef doit faire un grand discours sur l’état de l’Union pour dire à son peuple où en est l’Union. Pas mon union avec ma femme, l’Union des Etats-Unis. L’état de l’Union de l’union des Etats. Qui sont unis, quoi. Mais qu’est ce que j’en sais, moi ?
Bref, comme ça ne sert à rien, j’ai proposé de remplacer ça par juste un tweet à la place, genre : "Hey les mecs ! c’est énorme, l’Union est en très bon état, la preuve : nous sommes toujours unis !" Mais Sean Spicer, mon porte-parole, m’a fait comprendre que ce serait un grave manquement à ma fonction de président.
Que ces clébards de journalistes payés pour propager des fake news en feraient leurs choux gras, genre : "T’as vu Trump ? Même pas capable d’aligner trois phrases !"
L'Union désunie
Spider m’a rassuré en m’expliquant que ce soir c’était pas un vrai discours sur l’état de l’Union, vu que depuis Jimmy Carter la formule avait été abandonnée, mais un discours de politique générale et que ça valait mieux vu qu’on n’a jamais été aussi désunis que ça.
"Ah bon ? j'ai fait. Et à cause de quoi ?"
"Ben, à cause de vous président."
"Non ?" j’ai fait.
"Si ! qu’il m’a dit. Y avait qu’à regarder les Oscars, président : elles vous ont tous chié dans les bottes, les stars glamour et botoxées d’Hollywood, qui se donnent bonne conscience une fois par an en faisant semblant d’être de gauche !"
"Ha ha ha ! j’ai fait ! Les lascars des Oscars ! Ceux qui trichent, en faisant semblant de se tromper d’Oscar du meilleur film ? Une putain de bande de menteurs, des ringards lamentables. Même les César français, c’était mieux, et pourtant Dieu sait que Paris n’est plus Paris. Mais changer le résultat comme ça, au dernier moment, quelle honte ! Tout ça pour décerner l’Oscar à un film de Noirs, Moonlight, avec que des Noirs, plutôt qu’à La la Land, franchement ! Quel message pour le monde !"
En plus c’est un combat d’arrière-garde. Il n’y plus aucune trace de racisme ici ! Toute l’Amérique chante aujourd’hui, grâce à moi. Les Etats-Unis c’est devenu La La Land depuis que je suis président, j’ai l’impression chaque jour de vivre dans une comédie musicale, avec des couleurs pastel, de jolis airs enjoués et plein d’Américaines tellement sexy et virevoltantes !
Je n'aime pas écrire, je préfère crier
Si j’étais Donald Trump, contraint et forcé, je me serais attelé à écrire mon discours. Mais là, j’ai eu une panne du poignet. L’angoisse de la page blanche. Ecrire, c’est pas trop mon truc, ou alors des tweets. Moi je préfère crier au téléphone. Alors j’ai appelé mon conseiller "Top Gun", Steve Bannon, mon âme damnée. Et je lui ai demandé en criant ce que je pourrais bien raconter sur l’état de l’Union. Il a longtemps été réac-chef des Breitbart News, c’est vous dire si des idées à la con, il en a dans la musette.
Dans sa bouche ça donnait ça : "Mes chers compatriotes, on est au top comme jamais. Chaque jour, on construit des nouvelles usines, de nouvelles routes, on fore de nouveaux puits, y a de moins en moins de chômeurs. Et vous aurez bientôt tous du boulot car, en prime, nous allons envoyer tous les clandestins qu’on chope à la chaise électrique."
Attend, attends ! j’ai pas le temps de tout noter ! Mais il continuait : "L’essentiel de notre budget sera désormais consacré à l’armée. Car très bientôt, nous allons bombarder l’Iran, parce que c’est des mollahs, ils sont pas vraiment islamistes comme ceux de Daech, mais c’est kif- kif bourricot. Et après nous envahirons les sept exoplanètes qu’on vient de découvrir."
Je lui ai dit : "Steve, t’es un putain de vrai ami, tu me sauves la mise !" Et dès ce soir, je ferai ce discours. Enfin, dans les grandes lignes.
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