Réchauffement climatique : "On a gagné la bataille contre la pandémie, je suis convaincu qu'on va gagner la bataille climatique", dit Jean Viard

Retour sur deux grands thèmes ou événements qui ont marqué 2023 : le réchauffement climatique et la situation au Proche-Orient avec le conflit entre Israël et le Hamas.
Article rédigé par franceinfo - Jean Viard
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Temps de lecture : 3min
Crue du fleuve Charente et de l'un de ses affluents, la Seugne, sur la commune de Courcoury (décembre 2023). Va-t-on gagner la bataille du climat ? (ANNE LACAUD / MAXPPP)

Pour conclure l'année 2023, le sociologue Jean Viard a tenu à revenir sur deux événements qui troublent la planète. Le premier concerne le réchauffement climatique, l'autre la situation au Proche-Orient.

franceinfo : Entre canicules, incendies et inondations, on a encore largement vu les conséquences du réchauffement climatique. Faut-il être inquiet ?

Jean Viard : En tout cas, cela va continuer. On est entré dans un immense combat entre l'humanité et la nature que nous avons déréglée. On nous l'avait annoncé, certains traînaient un peu la patte, puis est arrivée la grande pandémie qui a démontré qu'on pouvait tous se battre ensemble, à 5 milliards sur la planète ; c'est une force. La COP 28, malgré des appréciations diverses, a ouvert des portes, même si elles restent étroites. On est dans une rupture du monde avec deux grandes révolutions : la révolution industrielle liée au réchauffement climatique (toutes les innovations, les transformations des modes de vie) et l'intelligence artificielle (qui va modifier nos réseaux et notre façon de travailler). C'est à la fois dangereux et passionnant, parce qu'il y aura plein d'innovations, ce qui doit nous donner du courage au combat.

Les scientifiques pensent que l'on peut encore stopper la catastrophe, sauf que les choses empirent année après année. Les dirigeants du monde entier prennent-ils des mesures suffisantes ?

Le GIEC n'est pas aussi pessimiste que vous. On n'arrivera pas à bloquer la température à 1'5°C, on est parti pour augmenter à 2 °C. Mais ce qu'il faut dire, c'est qu'on peut monter à 2°C et que, après, on peut redescendre. Le vrai problème n'est pas de monter trop mais surtout, et en même temps, de redescendre. Autre question : les pays émergents, ceux de l'Afrique. Ils ont besoin de se développer. Soit ils le font comme la Chine avec le charbon d'abord parce que c'est moins cher, soit ils se développent avec les nouvelles technologies, et dans ce cas il faut qu'on les finance. C'est à la fois une bataille pour la solidarité entre les sociétés et au sein de nos sociétés. Idem pour les logements : soit on aide les gens les plus modestes, soit ils n'isoleront pas leur maison. Il y a donc cette bataille de solidarité en même temps que la bataille climatique. On a gagné la bataille de la grande pandémie, je suis convaincu qu'on va gagner la bataille climatique.

Êtes-vous aussi optimiste sur l'autre grand sujet de fin d'année : la guerre au Proche-Orient ?

Ce sujet est absolument tragique. On est même face à deux guerres qui se répondent : une en Ukraine et l'autre après l'attaque du Hamas en Israël. Ce sont deux pays relativement récents, l'Ukraine a déclaré son indépendance en 1991, Israël a été créé en 1947 par les Nations unies pour donner un territoire au monde juif. Dans les deux cas, il y a un affrontement de territoires, et les Palestiniens ont été privés de la partie qui leur avait été dévolue. Tant de barbarie ne risque-t-elle pas d'entraîner un nouveau conflit tous les 10, 20 ou 30 ans, parce qu'en ce moment on fabrique des tas de "bébés terroristes" ; c'est quand même terrifiant. Ou au contraire, on finira par se dire que cette barbarie est tellement énorme qu'on doit imposer une paix. Je ne sais pas.

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