Cet article date de plus d'onze ans.

Rythmes scolaires : aux USA , la semaine de quatre jours commence à séduire

On reparle aujourd'hui des rythmes scolaires et de la semaine de quatre jours et demi : le débat existe aussi de l'autre côté de l'Atlantique, aux Etats-Unis où certains Etats font le chemin inverse de la France...
Article rédigé par Emmanuel Davidenkoff
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

Le script de la chronique

C'est un article du site américain Education Week qui le raconte,
article repéré par le Café pédagogique et ça se passe notamment dans l'Etat de
l'Iowa : un certain nombre d'écoles ont choisi de passer de la semaine de
cinq jours à la semaine de quatre jours. C'est une tendance nationale selon
Kathy Christie, responsable de la commission de l'éducation des Etats.
L'université de l'Indiana dénombre de son côté 20 Etats où des districts sont passés
à la semaine de quatre jours.

Avec
des motivations variées. La première est économique...

Oui. Les contraintes budgétaires pèsent dans le monde entier et pas
seulement en France. Passer à quatre jours c'est faire des économies sur les
transports scolaires, raison pour laquelle les districts ruraux sont en
première ligne. Mais cela permet aussi des économies sur l'usage des
infrastructures. Toujours au chapitre budgétaire : les écoles espèrent
aussi diminuer l'absentéisme. Et c'est fondamental car leur budget est calculé
en fonction du nombre d'élèves qu'elles accueillent. Apparemment cela
fonctionne, notamment car cela libère un jour pour faire ce qu'on n'a pas
forcément le temps ou la possibilité de faire avec les enfants pendant le
week-end, typiquement les emmener chez le médecin ou chez le dentiste. A
noter : le jour supprimé n'est pas le mercredi comme en France mais le
lundi ou le vendredi.

Il y a aussi l'espoir que cela
profitera aux élèves et aux enseignants...

C'est ce que promettent les responsables des écoles concernées :
" les économies budgétaires ne sont pas la principale raison de ce
changement " certifie Kathy Christie, qui précise que ces économies sont
modestes. En revanche ces écoles utilisent la journée libérée pour proposer
d'autres activités aux élèves ou pour permettre aux enseignants de se former.

Des exemples de ces activités ?

Dans une école, les enseignants se rendent disponibles pendant une
demi-journée prise sur la journée libérée. Pour recevoir les élèves, donner des
cours de soutien, ou leur faire repasser des tests auxquels ils ont échoué. En
somme du soutien scolaire et du tutorat individualisé. Des cours
complémentaires sont également proposés, en musique, en technologie, en
sciences expérimentales.

Et du côté des enseignants ?

Dans cet exemple, il y a une alternance : un tiers des journées
libérées sont donc consacrées aux élèves, le reste aux enseignants. Soit pour
du travail en équipe, afin de monter des projets pluridisciplinaires. Soit pour
de la formation, notamment dans le numérique. C'est un sujet dont on parle
souvent sur France Info, et on rappelle toujours que le numérique en tant que
tel ne sert à rien ou du moins ne parvient pas à s'implanter sérieusement sans
un travail préalable de formation des enseignants. Typiquement, si vous vous
contentez de mettre un tableau interactif dans une classe sans former le
professeur, eh bien il s'en servira comme d'un écran sans changer sa pédagogie
et sans profiter des possibilités qu'offre le tableau interactif. J'ajoute que
cette façon de former les enseignants n'est pas inintéressante dan un contexte
budgétaire contraint.

Et oui, ça coûte cher, la formation
continue...

Oui. Raison pour laquelle elle est sinistrée en France. Vous devez à la
fois payer la formation elle-même mais aussi remplacer l'enseignant absent qui
est en train de se former.

Des objectifs pédagogiques donc, et pas
seulement économique, dans cette tendance à passer à la semaine de quatre jours
aux Etats-Unis.
Et ça marche ?

On ne sait pas encore. Apparemment aucune étude ne prouve une
amélioration du niveau. Mais il n'y a pas de dégradation non plus. Ceci dit les
changements sont longs à se dessiner. En tout cas les élèves adhèrent. Dans le
district de Waco, qui a expérimenté cette évolution, 95% d'entre eux la jugent
favorablement. Du côté des autorités, satisfaction également. La grande
tendance en matière d'innovation aujourd'hui c'est d'essayer de mieux
individualiser l''enseignement, notamment grâce au numérique. Il permet de
collecter des données très riches sur la façon dont chaque élève apprend.
" Nous ne voulons pas perdre de temps à enseigner aux élèves ce' qu'ils
savent déjà, nous voulons leur enseigner ce qu'ils ne savent pas "
explique le responsable d'une école. Mais si on ne laisse pas le temps aux
enseignants de s'en emparer puis de personnaliser la réponse faite à chaque
élève, eh bien ça ne risque pas de fonctionner.

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