Profs : qui veut gagner un million ?
Commençons avec ce million. Il est promis par la Varkey
Gems Foundation, basée à Dubai et dont le président d'honneur n'est
autre que l'ancien président américain Bill Clinton. Une fondation de droit
privée, mais qui travaille en partenariat avec l'Unesco, avec Pratham qui est
des ONG indiennes les plus importantes ou encore avec Oxfam. Objectif de ce
prix, selon Sunny Varkey, fondateur et président de la fondation :
" "Attirer l'attention sur la réussite des professeurs et l'énorme
impact qu'ils ont sur nos vie. Ils doivent retrouver la considération qui leur
est due, comme la profession la plus respectable de la société "
Quelles sont les
règles du jeu ?
L'idée centrale est qu'un bon enseignant... ne se
contente pas d'enseigner. Il devra donc afficher d'excellents résultats au plan
pédagogique, mais aussi être considéré comme un modèle " par ses
engagements dans les activités caritatives, le travail pour la communauté, et
d'autres accomplissements culturels avec sa classe " - je cite ici un
article paru sur lexpress.fr à propos de ce prix. Il devra aussi montrer qu'il
fait réussir toutes les catégories d'élèves et pas seulement les plus
brillants, et avoir fait preuve de rayonnement, à la fois auprès de ses
collègues mais aussi en contribuant aux débats publics sur l'éducation.
Les enseignants
français peuvent-ils postuler ?
Oui, dès lors qu'ils enseignent à des élèves de moins
de 18 ans. C'est simple comme une lettre de recommandation de son chef
d'établissement et des vidéos illustrant le travail accompli en classe et dans
l'établissement. Et si vous avez connaissance d'un enseignant d'exception, eh
bien vous pouvez aussi le signaler aux organisateurs, qui prendront contact
avec lui pour l'inviter à faire acte de candidature.
Ce n'est pas la
seule initiative visant à promouvoir le métier d'enseignant.
Non. Il y a moins lucratif mais pas forcément moins
efficace ni moins intéressant : l'Unesco a lancé fin février l'opération TeacherTuesday. 10 enseignants originaires de 10 pays du
monde entier partagent, tous les mardis, via les réseaux sociaux leurs histoires, leurs motivations et les
défis qu'ils rencontrent dans leur travail. TeacherTuesday raconte ainsi les
histoires de professeurs qui ont dû, entre autres, enseigner malgré la guerre
en Syrie, gérer des classes plurilingues au Honduras, lutter pour surmonter les
barrières de genre en Afghanistan et enseigner dans le plus grand bidonville
urbain d'Afrique. L'opération se poursuit jusqu'à fin avril.
Parmi les témoignages déjà publiés, celui d'une
enseignante du Malawi.
Esnart Chapomba. A
qui il et déjà arrivé d'avoir des classes de 230 enfants, auxquels elle
enseignait dehors, sous un arbre, faute de salle de taille suffisante, et ce
n'est pas une situation exceptionnelle – il y a dans certaines écoles rurales
quatre enseignants pour mille élèves, et nombre d'entre eux sont démotivés
dit-elle par ces conditions de vie et de travail extrêmement dures et
précaires. Elle raconte aussi sa difficulté à tenir le programme faute de
pouvoir corriger à temps tous les devoirs des élèves, et partage ses
inquiétudes sur le sort des filles, bien plus nombreuses à abandonner que les
garçons.
Autre exemple, en Afghanistan...
Celui de Nahida,
enseignante depuis 1989. Elle s'estime privilégiée de n'avoir que 35 enfants
dans sa classe quand la moyenne oscille entre 50 et 70. Mais son principal combat consiste à
promouvoir l'éducation dans un pays en guerre depuis trente ans. Son mpantra : " Les personnes
éduquées ne prennent pas les armes pour détruire leu pays et leurs
écoles ". A lire son témoignage et ceux des autres enseignants, on se dit
que décidemment l'argent n'est pas le principal moteur loin s'en faut.
Toutes ces campagnes répondent néanmoins à la même urgence : on manque
d'enseignants...
Oui. Raison pour laquelle la
mobilisation internationale est aussi forte. Je rappelle que 57 millions
d'enfants ne sont pas scolarisés dans le monde. Mais l'Unesco rappelle, je
cite, " Les difficultés d'accès ne sont pas les seules
en cause: même lorsque les enfants vont à l'école, une éducation de mauvaise
qualité nuit à l'apprentissage. Ainsi, qu'ils aient été scolarisés ou non, un
tiers des enfants en âge de fréquenter
l'enseignement primaire ne possèdent pas les compétences de base. "
Combien d'enseignants faudrait-il recruter pour
atteindre l'objectif de scolariser tous les enfants ?
1.6
millions. Et de préférence de bons enseignants. Je cite de nouveau
l'Unesco : "Ce sont les enseignants qui font la qualité d'un système
éducatif. Il est donc essentiel de valoriser
leur potentiel afin d'améliorer la qualité de l'apprentissage. Il est
solidement établi que l'éducation gagne en qualité dès lors que les enseignants
bénéficient d'aide et de soutien et qu'elle se dégrade dans le cas contraire,
entraînant alors ces taux inadmissibles d'analphabétisme des jeunes" que
l''on constate aujourd'hui.
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