Profession : reporter. Laura Louis, jeune journaliste haïtienne, lauréate du Prix Philippe Chaffanjon 2021
"Tate tifi" est un test de virginité pratiquée sur les jeunes filles dès leur plus jeune âge par leurs propres parents dans l'intimité de leur chambre le soir venu. Derrière l'alibi de tradition se cache une pratique incestueuse dictée par une société patriarcale. Le reportage de Laura Louis a libéré la parole des femmes haïtiennes.
Laura Louis ne pensait pas provoquer une telle explosion de la parole. Elle connaissait cette pratique par des amies victimes, mais recevoir autant de réponses à l'appel à témoignages fut pour elle une première surprise.
Le sujet est encore tabou
Les familles parlent de traditions, la parole pas assez libérée pour provoquer une étude scientifique d'ampleur sur le sujet, mais les Haïtiennes qui ont répondu à Laura Louis brisent la loi du silence. La jeune journaliste a recueilli des histoires emprisonnées dans le souvenir et la chair des femmes.
Une jeune fille de 10 ans pense que son père et sa mère sont censés la protéger, l'aider et non pas violer son intimité dans l'obscurité de la nuit tombée, dans le silence de la chambre. Introduire un doigt ou un oeuf dans le jeune vagin pour s'assurer d'une virginité ne doit pas porter l'abili d'une pratique culturelle, ni d'une tradition, comme le disent les auteurs familiers de ce test.
La jeune fille timide et vierge deviendra une femme vertueuse au mariage, sa valeur en sera plus grande, et c'est ainsi qu'elle subit la pression de cette éducation dans l'enfance et l'adolescence. Avec des attouchements récurrents pour mesurer son intégrité. Les sociologues haïtiens eux posent le mot, il s'agit d'inceste.
Il s'agit bel et bien d'inceste
Le Prix Philippe Chaffanjon est un prix de journalisme qui récompense un reportage publié sur un site de presse français et un reportage publié sur un site de presse haïtien.
Pour Laura Louis, déjà primée par la Francophonie meilleure jeune journaliste, ce prix est un encouragement à poursuivre son métier sur sa terre où la liberté de la presse est bafouée. En 2019, deux journalistes ont été assassinés. Et les reporters haïtiens parfois agressés et menacés, travaillent dans des conditions précaires.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.