Polars d'été. "La soustraction des possibles" de Joseph Incardona
Cet été, Gilbert Chevalier propose de revenir sur les meilleurs romans noirs, policiers, et thrillers français de l’année.
Le personnage central de La soustraction des possibles, de Joseph Incardona, c'est Aldo Bianchi, petit prof de tennis d'origine modeste, qui conduit un petit cabriolet rouge, forcément italien. Vaguement gigolo, vaguement escroc, en tout cas passeur de valises remplies de billets entre la France et la Suisse pour des hommes d'affaires, eux bien installés au sommet de la hiérarchie sociale.
Mais Aldo en veut plus et Svelatana, une jeune financière pleine d'avenir dans le monde des banques suisses, va lui en promettre plus. Plus d’argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance. Ils s'aiment passionnément, ils rêvent mais en matière d’argent, il y a toujours plus avide et plus féroce que soi. Et le rêve sera vite interrompue. Car tout va mal finir pour les deux amoureux, entre financiers cyniques, hommes d'affaires, gangsters et mafia corse archaïque.
Une histoire de fin des années 80
Nous sommes dans les années des golden boys triomphants, de l'argent roi et d'un capitalisme financier plus que jamais peu regardant sur la morale. La Suisse est un peu l'épicentre de ce monde. Tout devient marchandise. Le monde est en pleine mutation. Internet n'existe pas encore mais va très bientôt accélérer les mutations de ce monde.
Joseph Incardona nous propose aussi un roman noir très classique : des personnages fragiles qui en veulent toujours plus et vont tenter l'ultime coup qui leur permettra de changer de vie. Mais leur volonté est broyée par ceux qui détiennent le véritable pouvoir. C'est une fresque ambitieuse dans la forme et qui nous emmène de la Suisse au Mexique, en passant par la Corse. Un roman très abouti, érudit, plein de références et à la mécanique brillante.
La soustraction des possibles est publié aux éditions Finitude.
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