Cet article date de plus de quatre ans.

Planète Sport. Inde et Pakistan, les frères ennemis du cricket

Suivi par plus d’un milliard de supporters, le cricket dépasse de loin tous les autres sports en popularité dans le sous-continent indien. Et dans les relations souvent tendues entre Inde et Pakistan, ce sport est devenu un véritable outil diplomatique.

Article rédigé par Cyril Sauvageot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les capitaines des équipes pakistanaise (à gauche) et indienne, se croisant sur le terrain lors de la coupe du monde de cricket 2019. (DIBYANGSHU SARKAR / AFP)

Planète Sport, le rendez-vous de l’été qui explore les sujets à la lisière entre le sport et la politique, nous emmène aujourd'hui entre l'Inde et le Pakistan. En 2011, les deux pays se retrouvent pour un choc au sommet en demi-finale de la Coupe du monde de cricket. Les dirigeants des deux pays assistent à la rencontre. Un signe de rapprochement trois ans après les attentats de Bombay qui ont ravivé les tensions entre frères-ennemis.

Dans le sous-continent, le cricket est de loin le sport numéro 1, suivi par plus d’un milliard de spectateurs. Et depuis l’indépendance en 1947, la "diplomatie du cricket" a souvent joué un rôle de premier plan, selon Jean-Luc Racine, directeur de recherche au CNRS. "On peut faire beaucoup de choses avec un sport aussi populaire, explique le chercheur. Et donc il n'est pas du tout étonnant que ce sport serve ainsi à faire passer des messages diplomatiques ou bien au contraire des messages plus abrupts, pour souligner que des lignes rouges ont été franchies et que par conséquent on ne jouera pas ensemble."

"Derrière tout ça, il y a une sorte de baromètre de l’état des relations entre les deux pays", continue le chercheur. Lors de la dernière confrontation en date entre les deux pays, en 2019, match remporté par l’Inde, un ministre indien saluait "une nouvelle frappe" contre le Pakistan. Un langage guerrier qui en dit long sur l’état actuel des relations.

Un champion devenu Premier ministre

Depuis que l’Inde a mis fin au statut spécial du Cachemire, les deux pays sont à couteaux tirés, et le fait que le Pakistan soit dirigé par un ancien champion de cricket, Imran Kahn, ne change rien à l’affaire. Voici comment Imran Kahn faisait campagne au Pakistan avant son arrivée au pouvoir en 2018 : "Comparé à moi, la plupart des politiciens n’a jamais rien fait. En jouant au cricket, j’ai fait des compétitions, j’ai gagné. Ces gens là n’ont rien accompli. Ils n’ont même pas travaillé. Comment peut-on attendre d’eux qu’ils dirigent un pays ?", déclarait-il alors.

Mais il ne suffit pas d’être une légende vivante du cricket pour faire bouger les choses, estime Jean-Luc Racine. "Ça a beaucoup contribué à sa popularité quand il s’est lancé dans une carrière politique. Aujourd’hui on peut dire que l’esprit sportif n’est plus tout à fait là. C’est vraiment cultiver la tension bilatérale, dénoncer l’Inde de toutes les façons possibles."

Ce champion de cricket a aussi été en quelque sorte le candidat de l’armée. Donc dans les affaires bilatérales, les militaires pèsent davantage que les patrons de la ligue de cricket.

Jean-Luc Racine

à franceinfo

En difficulté dans son pays, où sa légitimité est de plus en plus contestée, Imran Kahn est en sursis. Si les militaires lui retirent leur soutien, ses jours à la tête du Pakistan seront comptés. Pour le remplacer, l’armée songerait à un autre ancien champion de cricket, Shahid Afridi... Ça ne s’invente pas.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.