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Planète Sport. Au Libéria, George Weah star du foot à l’épreuve de la politique

Comment l’étoile du football international est devenue le président de son pays et s’est difficilement mesuré à la réalité de la corruption du Libéria.

Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
George Weah, en rouge, lors d'un match de football caritatif, deux jours avant son entrée en fonction en tant que président du Libéria, le 20 janvier 2018. (AHMED JALLANZO / EPA)

Planète Sport, le rendez-vous de l’été qui explore les sujets à la lisière entre le sport et la politique, nous emmène aujourd'hui au Libéria, avec une trajectoire unique au monde, celle de l’existence littéralement hors norme de George Weah.

L’ancien attaquant du PSG, et du Milan AC dans les années 90, est passé du statut d'étoile du football international aux responsabilités de président de la République du Libéria, son pays natal. La popularité du football mise à l’épreuve d’un mandat politique.

La saison de foot 1994-1995 consacre la carrière du footballeur George Weah. Il est le premier joueur africain à obtenir le Ballon d’Or. Vingt-trois ans plus tard, le 22 janvier 2018, il triomphe à nouveau et devient chef d’État. Pour le président Weah et son pays, le Libéria, c’est la première transition démocratique et pacifique depuis 70 ans.

Michel Denisot était président du PSG, lorsque "Mister George" a fait les beaux jours du club. Pour lui, la carrière de George Weah en politique n’est pas une surprise. "Je savais qu’il ferait quelque chose pour son pays, George avait une générosité extrêmement discrète", raconte-t-il.

Il avait beaucoup d’ambition. Il vient d’un milieu extrêmement pauvre, il a été élevé par sa grand-mère dans des bidonvilles, sa trajectoire est mieux qu’un film !

Michel Denisot

à franceinfo

"Il récupérait des plateaux repas pour les redistribuer. Il aidait financièrement les gens de l’ambassade du Libéria à Paris, parce qu’ils n’avaient pas de gros moyens, c’est lui qui prenait en charge matériellement la sélection du Libéria, détaille son ancien patron. Je pensais que ce serait quelqu’un d’engagé, mais je le voyais plus dans les affaires, il défendait bien les intérêts. Parfois, il venait me voir quand de jeunes joueurs signaient leur premier contrat en me disant 'Tu pourrais leur donner plus'... C’était un papa !”

Espoirs déçus

Le papa du vestiaire est donc devenu père d'une nation libérienne écorchée par 20 ans de guerre civile, divisée entre natifs et descendants des premiers esclaves affranchis, devenu l’élite américano-libérienne. Un pays toujours considéré comme hautement corrompu où l’étoile du grand Weah se consume bien trop vite au contact de ce défi politique colossal.

Fred Eboko est sociologue à l’institut de recherche pour le développement. “Il a essayé de mettre en place des mesures pour montrer au peuple libérien qu’il n’est pas là pour s’enrichir, analyse-t-il. Il a baissé, notamment, son salaire et ceux de tous les autres élus du pays.”

Du fait de sa grande popularité, de sa notoriété et de son côté 'main propres', il a généré des espoirs immenses qui allaient fatalement être déçus.

Fred Eboko

à franceinfo

Dans son ambitieuse reconversion, George Weah n’a, semble-t-il, pas su s’entourer des bons coéquipiers. Un scandale a entaché sa présidence : la disparition de 106 millions de dollars, en monnaie libérienne fraichement imprimée. Ce scandale d’État a réveillé les rues de Monrovia et figé les espoirs des plus pauvres, ceux pour qui Weah a toujours voulu faire de la politique. 

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