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Planète Sport. Au Kazakhstan, le vélo comme meilleur ambassadeur du pays

Le pays est peu connu mais Astana, sa capitale, l'est beaucoup. Depuis les années 2000, son équipe de cyclistes a remporté plusieurs compétitions, dont le Tour de France, permettant ainsi au Kazakhstan d'être mondialement reconnu.

Article rédigé par franceinfo, Jérôme Val
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Vincenzo Nibali, entouré par deux membres de son équipe, lors de sa victoire au Tour de France 2014 pour l'équipe Astana. (DAVID SILPA / MAXPPP)

Planète Sport, le rendez-vous de l’été qui explore les sujets à la lisière entre le sport et la politique, nous emmène au Kazakhstan. Cet immense pays de l’Asie centrale est méconnu et pourtant tous les amateurs de sport, et de cyclisme en particulier, connaissent l’ancien nom de sa capitale : Astana, qui est aussi le nom d’une équipe cycliste qui a remporté plusieurs Tour de France.

L’an dernier, pour la présentation de l’équipe, les responsables d’Astana avaient fait le pari osé du rap. On y voyait le manager Alexandre Vinokourov et ses coureurs scander que leur équipe était bien originaire du Kazakhstan. Car même en chanson, il faut rappeler que la formation est bien le porte-drapeau de tout un pays depuis sa création au milieu des années 2000.

Julien Mazet a couru sous les couleurs kazakhes en 2007 et 2008. Il fut le premier Français à intégrer l’équipe. "On a eu la présentation de l’équipe au Kazakhstan et là, c’était très solennel, se rappelle-t-il. On sentait que c’était l’équipe-pays. Il y avait les politiques avec l’hymne national. C’était dans une salle close type zénith mais il y avait énormément de monde."

C’était aussi pour montrer au monde entier que le Kazakhstan existe.

Julien Mazet

à franceinfo

Julien Mazet se souvient aussi que l’équipe, très internationale avec des cyclistes venant de partout dans le monde, disposait de gros moyens financiers. "Le budget était plus élevé que pour les équipes françaises. Ça se traduisait par exemple sur les déplacements : une équipe française va regarder les vols les moins chers alors que pour nous, Astana nous donnait le plus confortable. On avait des camping-cars haut de gamme. Il y avait une volonté de mettre beaucoup de moyens dans l’équipe."

Pétrole et dopage

Le Kazakhstan, ex-république de l’Union soviétique, la dernière à proclamer son indépendance, a créé une nouvelle capitale en 1997 : Astana, en lieu et place d’Almaty, la grande métropole située trop au sud aux yeux du président autocrate du pays, Noursoultan Nazarbaïev, qui veut faire connaître Astana partout dans le monde.

Et cela passe par le cyclisme, un sport pour lequel le dirigeant kazakh n'avait montré que son dirigeant n’apprécie pas forcément. Lukas Aubin est chercheur en géopolitique et spécialiste du sport en Russie, "son ambition était de déplacer le centre stratégique et géopolitique du Kazakhstan de façon à en faire un point de jonction entre l’Europe et l’Asie. Il faut faire rayonner la capitale et le sport est un élément fondamental." Pari gagnant : Astana s’impose sur les grandes courses avec notamment deux victoires dans le Tour de France avec Alberto Contador en 2009 et Vincenzo Nibali en 2014. Mais aussi trois tours d’Italie et deux tours d’Espagne.

Le Kazakhstan possède de gros moyens financiers grâce à ses ressources pétrolières et en uranium. Revers de la médaille : son équipe cycliste a été prise dans les filets du dopage, des affaires qui entachent sa réputation. "C’est malheureusement souvent le cas dans l’espace post-soviétique", détaille Lukas Aubin.

Ces États sont souvent très riches grâce au pétrole, au gaz et à l’uranium. Et ils ont tendance à tricher ou à corrompre les institutions afin de gravir un échelon encore plus important dans cette stratégie de rayonnement.

Lukas Aubin

à franceinfo

Malgré tout, Astana est toujours là sur les grandes compétitions. Reconnaissable avec sa couleur bleu turquoise et son emblème représentant un aigle des steppes doré.

Et le Kazakhstan, à l’image de quelques-uns de ses proches voisins, poursuit sa stratégie sportive à des fins politiques avec l’organisation des championnats du monde de judo en 2015 ou les championnats du monde de lutte en 2019. "Ce ne sont pas forcément des événements connus chez nous mais qui sont connus en Asie, observe Lukas Aubin. Le pouvoir veut aller plus loin. Astana qui a été rebaptisée Noursoultan en hommage au président, a été reconstruite à la fin des années 90 et au début des années 2000, notamment avec de gigantesques infrastructures sportives ultra-modernes et au design qui pourrait nous paraître loufoque. Il y a une vraie stratégie d’accueillir de très grands événements."

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