Chaplin : les lumières du génie

1. La
   dernière scène des Temps Modernes . Une route au milieu de la campagne. Une
   belle lumière.  Au loin des collines et,
   de dos, Charlot et celle qui l’accompagne, en l’occurrence Paulette Goddard .

Le couple
marche vers son destin, on espère forcément pour eux tout le bonheur du monde
et il y a de quoi être ému de partager ainsi cette intimité.

Charlot dans
cette scène c’est, comme presque toujours un chapeau melon, un baluchon, et une
canne. La canne.

Il en parle
dès 1918 alors que le cinéma américain vient de tomber, si l’on peut dire, amoureux
de lui. Il écrit que c’est peut être même sa trouvaille la plus heureuse.  Parce que dit-il quand on voit une canne on
pense à un "dandy", autant dire que le contraste avec son sort est
encore plus grand.

Son sort
c’est par exemple d’être petit. Il en parle volontiers. C’est une chance nous
dit il "le petit a toujours la sympathie de la foule".

Petit et
immense. Si vous n’avez pas la chance d’aller voir l’exposition au Palais
Lumière à Evian , le livre catalogue fait partie des indispensables quand on
aime le cinéma. Près de 200 pages de photos.

Au hasard,
1921, "Charlot et le Masque de Fer ". Il est allongé sur un banc, en
train visiblement de rêver, mais un policier, l’air sévère, matraque à la main,
l’agrippe.

Encore un
policier, évidemment lui aussi moustachu. Il surveille de très près Charlot et le Kid
postés au coin d’une rue.

Charlie
Chaplin tout aussi élégant finalement dans un smoking. Là nous sommes dans la "vraie vie" comme on dit. 1931 c’est la première des "Lumières de la Ville " à Los Angeles . Il est très fier de poser
entre Albert et Elsa Einstein .

Et puis
devant l’écran ou ailleurs, les femmes. Il les aime toutes, et d’ailleurs
quatre fois s'est marié.

Paulette
Goddard, on en a déjà parlé, mais avant elle et après elle beaucoup d’autres
l’ont aimé… Edna , Mildred , Lita , Georgia , Oona , Joan . Là aussi les photos
racontent. Et puis les jours heureux, en Suisse où il se réfugie, quand victime
de la chasse aux sorcières en 1952 il apprend que son visa américain est
supprimé.

Et voilà
comment le petit anglais né à Londres en 1889 est à lui seul un mythe.  Sa vie c’est un grand spectacle. A chaque
instant on rit avec lui et on tremble pour lui. Comme au Cirque.

Charlie
Chaplin, Images d’un mythe . C’est donc une exposition à Evian jusqu’au mois de
mai et ce livre, une totale réussite.