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Télétravail obligatoire sous peine d’amende : "C'est vraiment insultant pour les chefs d'entreprise" estime le Medef

Les entreprises pourront être sanctionnées d'une amende allant jusqu'à 1 000 euros par salarié si elles ne respectent pas l’obligation du télétravail. Une mesure "profondément" choquante pour le président délégué du Medef.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Patrick Martin, président délégué du Medef, invité de franceinfo lundi 25 janvier 2021. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"C'est vraiment insultant pour les chefs d'entreprise", lance sur franceinfo Patrick Martin, président délégué du Medef, la première organisation patronale, après l’annonce jeudi 30 décembre de la ministre du Travail. Élisabeth Borne a indiqué que les entreprises ne respectant pas l’obligation du télétravail à partir de la semaine prochaine pourront être sanctionnées d'une amende allant jusqu'à 1 000 euros par salarié.

Franceinfo : Élisabeth Borne confirme la mise en place d'un système de sanctions en cas de non-respect de cette obligation du télétravail. Que lui répondez-vous ?

Patrick Martin : C'est profondément choquant de stigmatiser les chefs d'entreprise. Tout le monde convient que depuis mars 2020, les entreprises ont fait face à leurs responsabilités sur le plan sanitaire. Les entrepreneurs, à ce jour, se battent comme des chiens pour faire face à un absentéisme record, pour faire face à des hausses de prix, notamment de l'énergie, qui les mettent en difficulté. C'est vraiment insultant pour les chefs d'entreprise qui, croyez le bien, sont soucieux d'une chose, c'est que leurs salariés soient en bonne santé pour pouvoir faire face à l'activité.

De nouvelles discussions sont-elles prévues avec le gouvernement, avec la ministre du Travail ? Espérez-vous pouvoir les faire reculer sur cette décision ?

C'est un bien grand mot. L'État est souverain, le Parlement est souverain. Cette disposition devant être introduite par amendement, il faut déjà vérifier si cet amendement est bien déposé, si son contenu est bien celui qu'on vient de nous annoncer, et puis il y aura le débat parlementaire. En tout cas, notre position est très claire, ce n'est vraiment pas le moment de stigmatiser les entreprises, ça n'est vraiment pas le moment de remettre en cause le droit d'organisation des chefs d'entreprise au même moment où ils sont confrontés à tant de difficultés.

La ministre parle de ces entreprises qui ne joueraient pas le jeu du télétravail. Pour vous, cela concerne un nombre limité d’entreprises ou y-a-t-il un vrai sujet ?

C'est infinitésimal et là, il y a un effet d'annonce qui, à nouveau, est une provocation pour les chefs d'entreprise. Il y a des dispositions légales qui existent d'ores et déjà, mais j'insiste sur un point : il faut que les inspecteurs du travail, si par malheur, cet amendement devait être voté, prennent en compte ce droit d'organisation des chefs d'entreprise.

Les situations d'une entreprise à l'autre sont très singulières. Dans un bureau d'études, on peut dire que ce sont des gens qui peuvent être en télétravail. Mais pour bon nombre d'entre eux, ils travaillent sur des réseaux sécurisés et quand ils sont à leur domicile, d'abord, ça ne leur fait pas forcément plaisir d'être à leur domicile et ensuite, ils ne peuvent accéder à ces réseaux sécurisés. Ce n'est pas à l'appréciation de l'inspecteur du travail, c'est vraiment le chef d'entreprise, en responsabilité et parce qu'il est soucieux de la santé de ses salariés, mais également de la bonne marche de l'entreprise, qui peut prendre ces dispositions.

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