Peut-on connaître nos origines ?
L’astrophysicien Jean-Pierre Bibring, spécialiste de l’étude de la planète Mars nous fait part de sa perplexité face à la question des origines.
Il est peu probable, nous dit-il, que nous puissions un jour prétendre connaître les multiples causes ayant permis la formation d’un seul objet dans l’Univers, qu’il s’agisse de la planète Mars, d’une comète, d’une plante ou d’un animal. Il nous force à prendre plus que jamais conscience des conditions exceptionnelles ayant permis à la planète Terre d’accueillir la vie.
Quand on demande à Jean-Pierre Bibring quelle est l'origine de la planète Mars, l'astrophysicien précise : "Il y a un grand malentendu sur cette question de l'origine en fait. Bien sûr, si vous lancez une balle, la manière dont vous la lancez, que vous la jettiez à l'horizontale, que vous la lachiez, va imposer sa trajectoire, parce qu'une fois lancée, c'est toujours la même force, celle de la Terre qui va essentiellement agir dessus. Donc une même force va être responsable de différentes trajectoires, avec cette idée que c'est au moment où vous lachez la balle que vous imposez les conditions de son évolution. Et cela a donné cette idée que l'origine de l'évolution peut être canalisée dans un instant quasiment unique, on forge l'évolution en un instant...Et on a étendu cela à l'Univers à toutes ses échelles, à la cosmologie, à l'origine du système solaire, des planètes, de la vie elle-même.. ."
Jean-Pierre Bibring rappelle que depuis l'exploration spatiale du système solaire et la découverte des exoplanètes, ce qu'on appelle les conditions d'origine, se sont étalées sous la forme d'une séquence de processus, sur des dizaines, des centaines de millions d'années. "C'est la conjonction des formes particulières qu'ont pris tous ces processus qui a forgé des destins différents, donc on s'aperçoit de la complexité d'un processus, mais surtout de la diversité des séquences de processus. Ce n'est pas un processus en lui-même, c'est une séquence de multiples événements, dont chacun va prendre une forme particulière, et c'est la conjonction de toutes ces formes qui va finalement forger les différents destins ."
A la question de savoir si nous sommes seuls dans l’Univers, Jean-Pierre Bibring nous répond, contrairement à beaucoup de ses collègues, qu’étant donné les multiples conditions nécessaires à l’émergence de la vie, il est plus que probable que nous soyons seuls, perdus dans notre galaxie, riche de 150 milliards de soleils.
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