Toutes les intelligences artificielles ne se valent pas, faites en vous-même l'expérience

La startup d’Etat "Compar:IA" - au sein de la direction interministérielle du numérique (DINUM) - propose un site gratuit pour confronter les résultats fournis par différentes IA à une même question. Il calcule aussi le coût environnemental de chaque requête.
Article rédigé par Nicolas Arpagian
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Le comparateur Compar:IA est un outil gratuit qui entend "sensibiliser les citoyens à l’IA générative et ses enjeux, veiller au respect de la diversité des cultures francophones dans les modèles d’IA conversationnelle et contribuer à la transparence des modèles d’IA générative". (Illustration) (BUSAKORN PONGPARNIT / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

On parle d’intelligence artificielle tous les jours. Mais comment choisir entre les différents modèles d’IA ? Surtout lorsqu’on n’est pas un/e spécialiste.

L’intelligence artificielle fait désormais partie de ces technologies à l’architecture très complexe, mais dont l’accès a été rendu accessible avec des interfaces simples d’utilisation par le plus grand nombre. Néanmoins, cela reste difficile de faire son choix entre les solutions des grands éditeurs : Gemini chez Google, Llama chez Meta, et leurs équivalents chez Mistral, Microsoft ou les chinois Alibaba ou 01-AI.

Rien de tel que de les utiliser en leur posant une question et de comparer leurs résultats. Si vous le faites avec un sujet que vous connaissez bien, vous pourrez apprécier la pertinence de leurs réponses.

Un test comparatif à portée de clic

Il faut saluer l’initiative prise par la start-up d'Etat Compar:IA  dans le cadre du programme beta.gouv.fr de la direction interministérielle du numérique (DINUM). Elle le propose en libre accès sur le site dédié. C’est une plateforme très pédagogique pour prendre en main l’intelligence artificielle.

Il vous est proposé de poser une question à deux modèles d’IA dont le nom est masqué. Ils sont choisis parmi la douzaine des plus grandes plateformes internationales (Microsoft, Mistral, Meta…). Vous les interrogez à votre guise sur le sujet de votre choix, après qu’on vous a averti de quelques principes simples : les résultats peuvent être erronés, il ne faut pas mentionner de données personnelles (nom, adresses…) et ne pas les solliciter à des fins illégales ou nuisibles. 

Ceci étant dit, vous voyez s’afficher les résultats de votre requête. Et vous pouvez même développer une forme de conversation, pour préciser ou compléter les réponses obtenues.

Un coût énergétique bien réel 

À l’issue de votre consultation, le site vous demande laquelle des deux réponses vous a le plus satisfait. Avant de vous révéler une batterie d’informations très éclairantes. Pour commencer le nom des solutions d’IA qui vous ont répondu, parmi la douzaine actuellement en lice, parmi les grands noms du domaine (Google, Meta, Microsoft, Mistral, et même un chinois). Avec des explications sur l’entreprise qui la gère et son mode d’entraînement.


On vous communique également des précisions sur le bilan énergétique de cette conversation :

  • en nombre de kW/h dépensés. Cela peut aller par exemple de 4 à 65 selon les IA lors de nos tests.
  • En nombre de grammes de CO² émis. Avec nos essais, cela variait de 40 à 2.

Et afin de vous rendre cela plus concret encore, on vous le convertit en nombre d’heures d’éclairage d’une ampoule led ou en minutes, voire heure, de consultations de vidéos en ligne. Cela peut aller de 4 minutes à 1 heure selon nos exemples. Toujours pour une question initiale identique.

Un outil pédagogique sur les conditions d'usage de l'IA

Outre leurs qualités rédactionnelles ou littéraires, vous réaliserez ainsi que les réponses peuvent être biaisées, en fonction de la langue majoritaire ayant servi à entraîner les grands modèles de langage utilisés. Ainsi si vous interrogez ces IA – même en français – sur les 10 films qui ont le plus influencé l’histoire du cinéma, ce sont généralement exclusivement des titres de réalisateurs anglo-saxons qui sont cités. Idem quand on les questionne sur les noms des pionniers de l’aviation.

Car l’origine culturelle de l’IA a clairement un impact sur ses réponses. D’où l’importance en ce qui cous concerne, d’entraîner des modèles de langage conversationnels avec des bibliothèques documentaires de langue et de culture francophone. D’ailleurs, cette plateforme ComparIA est portée par le Ministère français de la culture.

La diversité des réponses proposées montre bien qu’il existe une pluralité de modes de production par ces algorithmes, qui livrent chacun des versions très différentes. C’est donc aussi l’occasion de développer un esprit critique de la part des utilisateurs de ces solutions, qui fournissent volontiers des messages péremptoires. Même s’ils sont faux ou largement incomplets.

Plus vous comprendrez le fonctionnement de ces technologies, moins vous les subirez. Passez donc un peu de temps sur le site pour vous familiariser avec ces outils d’IA. Et sans oublier de regarder leur coût énergétique et environnemental.

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