Pourquoi l’Apple Watch aura presque disparu des rayons, lundi 25 décembre, aux États-Unis

C’est sans précédent pour Apple aux États-Unis : depuis le 21 décembre, à cause d’une bataille de brevets, les Américains ne peuvent plus acheter deux des trois modèles d’Apple Watch, sur le site web de la marque à la pomme : les montres connectées vont aussi disparaître de tous les magasins Apple Store américains. À moins que Joe Biden ne mette son veto.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le lancement de la nouvelle Apple Watch Séries 9 le 22 septembre 2023 à Sydney, en Australie. (JAMES D. MORGAN / GETTY IMAGES)

Une décision – improbable – du président américain contre l’interdiction d’importer les Apple Watch : c’est l’une des possibilités, comme l’avait fait Barack Obama en 2013. À l’époque, Apple bataillait avec Samsung autour d’autres brevets, et le conflit avait failli déboucher sur une interdiction d’importation de l’iPhone 4 et de l’iPad 2 (3G).

Mais Joe Biden n’est pas Barack Obama, et 10 ans plus tard, la bataille ne se joue pas face au coréen Samsung, mais face à une autre entreprise américaine, Masimo, spécialisée dans la santé et le suivi des patients.

Le 26 octobre, la Commission américaine du commerce international (ITC) a confirmé un jugement du mois de janvier dernier, selon lequel Apple a violé plusieurs brevets de Masimo autour de la mesure du niveau d’oxygène dans le sang, par ses montres connectées. L’ITC a accordé un délai de 60 jours pour un examen par la Maison Blanche, avant un véto éventuel de Joe Biden. Délai qui prend fin ce lundi 25 décembre.

L'option de la mise à jour logicielle

Quelles sont les autres hypothèses pour Apple ? La plus simple, c’est une mise à jour logicielle destinée aux Apple Watch Series 9 et Ultra 2, soit qui modifierait la manière dont la mesure du taux d’oxygène est effectuée, en espérant contourner le champ des brevets (Masimo a déjà prévenu que cela ne suffirait pas) ; soit qui désactiverait cette mesure, au moins temporairement.

Resteraient deux solutions : acheter Masimo, purement et simplement, pour "régler le problème". L’entreprise réalise un gros milliard de dollars de chiffre d’affaires. Apple en aurait largement les moyens. Ou bien négocier avec Masimo, payer une licence rétroactive sur chaque Apple Watch Series 6, 7, 8 et 9, vendue depuis 2020, ainsi que sur chaque Apple Watch Ultra et Ultra 2.

De la revanche dans l'air

Masimo, après avoir été approchée par Apple il y a 10 ans, courtisée, s’est sentie trahie après le débauchage de plusieurs de ses piliers. Son CEO a fait savoir qu’il était disposé à trouver un accord avec Apple, mais encore faudrait-il qu’Apple nous appelle, a laissé entendre Joe Kiani. Il n’empêche : il y a de la revanche dans l’air.

En attendant, concrètement, après le rejet du dernier appel d’Apple, le 20 décembre, sur l’Apple Store américain en ligne, les Apple Watch Series 9 et Ultra 2 sont présentées comme "indisponibles pour le moment" depuis jeudi 21 décembre. À partir de demain, lundi 25 décembre, uniquement aux États-Unis à nouveau, ces deux modèles disparaîtront aussi des magasins de la marque à la pomme. Le manque à gagner, sur cette seule période de Noël, pourrait atteindre 400 millions de dollars.

Service après-vente impossible

En revanche, les enseignes comme Best Buy, Target ou Walmart pourront continuer à les vendre jusqu’à épuisement des stocks. Quant à l’Apple Watch SE, qui n’a pas de capteur pour le taux d’oxygène, elle n’est pas concernée par l’interdiction.

L’affaire a une autre conséquence pour les clients américains, utilisateurs d’Apple Watch aux États-Unis : à partir de lundi, Apple ne pourra plus assurer le service après-vente des montres concernées, qui ne sont plus sous garantie, pour une raison simple : le plus souvent, le constructeur procédait au remplacement pur et simple de l’Apple Watch par un exemplaire neuf.

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