Nouveau monde. Qu’est-ce que le "cell broadcast" qui permettrait d’avertir facilement la population en cas de catastrophe ?
Alors que les habitants de Rouen se plaignent de ne pas avoir été prévenus à temps après la catastrophe de Lubrizol, le préfet de Seine-Maritime a évoqué, mercredi 30 octobre, la mise en place prochaine du "cell broadcast", un système d’alerte utilisé dans de nombreux pays.
Les habitants de Rouen et de sa périphérie n'ont pas été prévenus à temps après la catastrophe de Lubrizol. Le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, a évoqué, mercredi 30 octobre, la mise en place prochaine du "cell broadcast", en français "diffusion cellulaire". C'est un système d’alerte sur téléphones mobiles utilisé dans de nombreux pays, mais pas en France, pour prévenir les habitants en cas d’urgence. On s’en sert aux États-Unis, Canada, Japon, Pays Bas, Italie, Espagne, Finlande ou encore en Corée du Sud, notamment pour les alertes climatiques (tornades, tsunami…), environnementales (rupture de barrage, pollution…) ou même pour les alertes d’enlèvements de personnes (Amber).
Comme les SMS… en mieux
Les alertes par diffusion cellulaire prennent la forme de mini messages prioritaires qui arrivent en même temps sur tous les mobiles. Ils s’affichent sur l’écran du mobile, même si celui-ci est verrouillé. Le système présente de nombreux avantages.
D’abord, pas besoin de connaître les numéros des destinataires car les messages sont envoyés au niveau d’une "cellule" télécom (d’où son nom de "diffusion cellulaire") ce qui permet d’arroser tous les mobiles situés dans une zone, comme un programme radio ou télé. Il est ainsi possible de cibler une zone géographique en particulier (région, ville…).
Cela fonctionne, en principe, sur tous les mobiles, même les anciens, quel que soit l’opérateur, et aussi sur les mobiles étrangers, ainsi les touristes de passage peuvent être également alertés. Autre point fort : le "cell broadcast" est opérationnel même lorsque les réseaux voix ou données sont saturés – ce qui peut être le cas lors d’événements importants – car ils utilisent des canaux spécifiques. Seule contrainte : pour recevoir les alertes, il faut posséder un mobile (mais pas forcément un smartphone) et se trouver dans une zone de réception.
Des contraintes techniques et financières
La diffusion cellulaire est un protocole international qui existe depuis 20 ans. La toute première démonstration a été faite en 1997 à Paris. Pourtant, la France ne l’a jamais déployé, à la fois à des raisons techniques et budgétaires. En effet, cela nécessite des mises à jour d’infrastructures assez conséquentes, avec "des contraintes techniques non négligeables", selon l’opérateur Orange que nous avons interrogé. Le coût serait ainsi de deux à trois millions par opérateur sans compter les investissements à réaliser du côté des services de l’État. Une première tentative de déploiement a eu lieu en 2012 mais le projet n’a pas abouti.
Déploiement en 2022
À la place, en France, on a préféré développer en 2016, après les attentats de Paris, une application mobile d’alerte, la fameuse appli SAIP. C’était techniquement plus facile à mettre en œuvre et moins onéreux (environ 400 000 euros) et cela semblait à l’époque "plus moderne". Cependant, l’appli SAIP présentait de nombreuses limitations techniques (obligation d’installer l’application sur chaque mobile, pas de version Windows Phone à l’époque, etc.) et, surtout, celle-ci a connu de nombreux ratés. L’application SAIP a été arrêtée en 2018. On s’est alors reposé sur les réseaux sociaux, notamment Twitter et Facebook, avec sa fonction Safety Check. Mais ces systèmes sont loin d’être aussi fiables que la diffusion cellulaire.
Au final, le système va bien finir par voir le jour puisqu’une directive européenne de 2018 oblige les États à mettre en œuvre la diffusion cellulaire d’ici à 2022. Ce procédé devrait être mixé avec un autre système, les SMS localisés, rendus possible grâce à la technologie 4G.
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