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Nouveau monde. Prévenir les risques de suicide grâce à l’intelligence artificielle

Plusieurs expérimentations sont menées pour tenter de détecter les candidats au suicide à l’aide du big data et de l’analyse sémantique.

Article rédigé par franceinfo, Jérôme Colombain
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un homme déprimé devant son ordinateur. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

Des expériences sont faites afin de détecter les candidats au suicide à l’aide du big data et de l’analyse sémantique.

La dernière expérimentation du genre vient des Etats-Unis, des universités de Vanderbilt (Tennessee) et de Floride. Des chercheurs ont travaillé avec un programme d’intelligence artificielle capable de détecter avec précision les patients à risque parmi une population donnée. Résultat : l’IA parviendrait à prédire une tentative de suicide deux ans à l’avance avec 80 à 90 % de taux de réussite. Ce taux grimperait carrément à 92 % pour un suicide risquant de survenir dans un délai d’une semaine.

Comment prédire le suicide ?

Le principe de l’intelligence artificielle est d’analyser une grande quantité de données - anonymes - afin d’en déduire des règles. Pour cela, une IA doit s’entraîner. Les chercheurs américains ont donc soumis au programme les dossiers médicaux de plus de 5 000 personnes qui avaient été admises à l’hôpital pour tentatives de suicide. Parmi celles-ci, ils ont distingué plus de 3 000 d’entre elles qui avaient fait une véritable tentative de suicide et 2 000 qui s’étaient blessées mais sans aller jusqu’à l’extrémité dramatique. L’ordinateur a mouliné ces données (âge, sexe, adresses, médicaments pris et diagnostics médicaux…) et en a déduit certaines règles. Il faut cependant rester prudent et d’ailleurs tout n’a pas été révélé par les chercheurs, mais ceux-ci mettent cependant en avant les troubles du sommeil comme signe avant-coureur du suicide.

Eviter des suicides grâce à l’analyse des réseaux sociaux

L’expérimentation du Tennessee et de Floride porte uniquement sur des personnes ayant été admises en milieu médical. Pour aller plus loin, il faudrait analyser des profils de personnes en dehors du cadre médical. C’est ce qu’ont entrepris, dès l’an dernier, des chercheurs de Cincinnati en se basant sur des critères totalement différents. Pour leur part, ils ont mis au point un algorithme s’intéressant au ton de la voix et aux mots employés (vocabulaire morbide, longueur des silences, etc.).

Enfin, les scientifiques voudraient pouvoir identifier les candidats au suicide sur les réseaux sociaux afin de pouvoir intervenir à temps. Les réseaux sociaux constituent en effet une formidable mine d’informations connectée à l’humeur des populations. D’ailleurs, Facebook travaille à l’élaboration de son propre algorithme de détection des signes avant-coureurs du suicide.

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