Nouveau monde. L’inventeur du Web met en garde contre les dérives
Tim Berners-Lee, co-créateur du World Wide Web, lance un message d'alerte dans lequel il met en garde contre ce qu'il considère comme des utilisations dangereuses du réseau international.
Tim Berners-Lee, co-créateur du World Wide Web, met en garde contre ce qu'il considère comme des utilisations dangereuses du réseau mondial.
Le grand public ne connaît pas vraiment Tim Berners-Lee. Pourtant, ce scientifique britannique, anobli par la Reine d’Angleterre, est bel et bien le "papa" du World Wide Web (enfanté au Cern de Genève en 1990, avec Robert Cailliau). Car le web et internet, ce n’est pas la même chose. Le web est cet ensemble de pages contenant des informations reliées entre elles par des liens hypertextes et accessible via le protocole "http". Il aura bientôt 30 ans. Dans une tribune publiée (sur le web, évidemment), Tim Berners-Lee s’inquiète.
Trois motifs d’inquiétude
Sir Berners-Lee redoute principalement trois évolutions. D’abord, la perte de contrôle de nos données personnelles ; on ne sait pas comment elles sont utilisées ni conservées. Des gouvernements pourraient s’en servir pour contrôler la population, estime-t-il.
Ensuite, la désinformation. C’est le problème des fake news (fausses nouvelles) mises au jour avec l’élection de Donald Trump. Elles sont diffusées abondamment par toutes sortes de groupuscules qui tentent de manipuler les esprits.
Enfin, corollaire des deux précédents points, la "publicité politique" est le troisième motif d’inquiétude de Tim Berners-Lee. Aujourd’hui, on peut personnaliser à l’extrême les messages politiques pour dire aux gens ce qu’ils ont envie d’entendre en ignorant tout le reste. Là encore, on a pu le voir durant la campagne présidentielle américaine où il y a eu jusqu’à 50 000 messages politiques différents par jour sur Facebook, adaptés spécifiquement à des publics distincts.
Des solutions existent
Le père fondateur du web propose plusieurs pistes pour tenter d’enrayer ces phénomènes. Il n’hésite pas à plaider pour une collaboration effective avec les géants du web afin d’essayer de rendre aux gens le contrôle de leurs données. Il propose d’aider Google et Facebook à lutter contre les fake news. Il en appelle aux citoyens pour qu’ils s’opposent aux lois trop intrusives en matière de surveillance gouvernementale. Enfin, il réclame une réglementation sur les campagnes politiques via internet.
Au-delà, cette tribune de Tim Berners-Lee est un peu un constat tragique et nostalgique qui montre comment une formidable invention telle que le World Wide Web a pu être pervertie par des comportements et des pratiques que les idéalistes des premières heures étaient bien loin d’envisager.
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