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Nouveau monde. "L’innovation technologique ne suffit pas pour limiter l’impact environnemental du numérique" : Laurent Lefèvre, chercheur

Numérique et environnement peuvent-ils faire bon ménage ? Alors que les pouvoirs publics affichent leur mobilisation, les chercheurs tentent de limiter l’impact environnemental du numérique par des innovations.

Article rédigé par franceinfo, Jérôme Colombain
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le numérique et l'environnement sont-ils compatibles ? Illustration (MAXPPP)

Le gouvernement a présenté cette semaine une feuille de route visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique. L'enjeu est de faire en sorte que les technologies se développent, mais sans nuire à l'environnement. Des recherches sont menées en ce sens.

franceinfo : qu’entend-on exactement par sobriété numérique ?

Laurent Lefèvre, chercheur INRIA, spécialiste de la pollution numérique : La sobriété numérique est une manière de concevoir le numérique, en prenant en compte son impact environnemental. Le numérique est très dématérialisé mais il y a des infrastructures matérielles et logicielles qui consomment de l’énergie et dont la fabrication et l’usage génèrent un fort impact.

La sobriété numérique passe donc par des "éco-gestes", comme stocker moins de photos dans le cloud ou regarder moins de vidéos en haute définition. Il est possible de profiter du numérique avec moins de superflu et de gaspillage, sans pour autant se punir.

Mais le numérique est aussi un facteur de transition énergétique…

Oui, le numérique est souvent présenté comme ça. Mais, comme dans l’énergie, on observe plutôt pour l’instant un empilement numérique. C'est-à-dire que chaque nouvelle solution se rajoute aux précédentes. D’où cette surconsommation et cette consommation qui continue à augmenter avec l’usage.

En tant que chercheurs, nous essayons de travailler sur un numérique plus sobre. Mais cela ne suffit pas, et cela doit être allié à un usage plus modéré, afin d’éviter ce que l’on appelle l’effet rebond qui consiste à gagner en efficacité mais en augmentant la consommation, parce que les utilisateurs vont plus utiliser les services. Donc, les deux doivent aller ensemble.

Faudrait-il interdire les forfaits téléphoniques illimités ?

C’est vrai que certains modèles économiques à base de bande passante illimitée ou de forfaits pour la consommation de vidéos n’encouragent pas la prise de conscience des utilisateurs. On a l’impression qu’il y a une infinité et une gratuité de ressources alors que ce n’est pas le cas. Il faudra sans doute réfléchir à de nouveaux modèles économiques.

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