Les grands défis technologiques de demain : la vérification de l’âge sur Internet

Plus ou moins de 18 ans ? Plus ou moins de 13 ans ? Vérifier l’âge de l’internaute, déterminer s’il est mineur ou pas, voilà l’un des prochains défis technologiques.
Article rédigé par Benjamin Vincent
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 94 min
Début d’une expérimentation par un collectif d’entreprises, un test, grandeur nature. Le principe de ce système de vérification de l’âge repose sur ce qu’on appelle le double anonymat. (Illustration) (RAPIDEYE / E+ / GETTY IMAGES)

Le défi technologique, c’est de réussir à vérifier – avec certitude – l’âge réel de chaque internaute, sur les sites qui le nécessitent, tout en respectant la vie privée de chacun. Le premier enjeu, c’est évidemment la protection des enfants, notamment les moins de 12 ans.

Chaque mois, la moitié des garçons et un tiers des filles, en France, sont exposés à des contenus pornographiques selon l’ARCOM, le gendarme des télécoms. Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé du numérique, affirmait d’ailleurs, mi-mars, que "2023 serait la fin de l’accès aux sites pornographiques pour nos enfants". Une annonce faite quelques jours avant le début d’une expérimentation par un collectif d’entreprises, un test, grandeur nature, d’un système "suffisamment robuste pour qu’il soit inattaquable", selon le ministre.

Un principe : le double anonymat

Le principe de ce système de vérification de l’âge, repose sur ce qu’on appelle le double anonymat. Il passe par un tiers de confiance, capable d’attester de la date de naissance ou de la majorité de quelqu’un : un opérateur télécoms ou Internet, un fournisseur d’identité numérique, comme l’application carte d’identité sur téléphone mobile, ou n’importe quel organisme habilité.

Et donc, double anonymat, d’abord parce que ce tiers de confiance qui va attester de l’âge, ne sait pas pourquoi l’attestation va être utilisée. En l’occurrence, il ne saura jamais que ce certificat va être fourni, par exemple, à un site pornographique. Site qui, de son côté, recevra une preuve de majorité, mais sans pouvoir la relier à l’identité de quelqu’un. Le site saura juste que cet utilisateur est bien majeur. Le respect de la vie privée est garanti : c’est l’un des objectifs de l’expérimentation, lancée fin mars.

Menace de déréférencement et de blocage

Plusieurs autres solutions techniques existent à travers le monde. Elles s’appuient sur la carte bancaire ou, comme en Grande-Bretagne, sur une estimation de l’âge, en quelques secondes, via un selfie vidéo, analysé par de l’intelligence artificielle, avec une marge d’erreur d’un an et demi. Des technologies utiles, par exemple, pour dire si un utilisateur a les 13 ans requis, pour ouvrir un compte sur les réseaux sociaux.

Dans le cas des sites pornographiques, ceux qui continueront de laisser accéder des enfants, pourraient bientôt être bloqués et déréférencés en quelques semaines seulement, et sans passer par un juge. C’est ce que prévoit notamment le projet de loi sur la sécurisation de l’espace numérique. Voté par le Sénat, il sera débattu, à l’automne, à l’Assemblée.

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