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Audrey Dussutour, chercheuse : "Quand on travaille sur des organismes aussi bizarres que le blob, on n'obtient pas facilement de financement"

Audrey Dussutour est l'invité de la Mise à jour de Guy Birenbaum, pour son livre "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander".

Article rédigé par franceinfo, Guy Birenbaum
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
 

Si le "blob" ne vous dit rien, c'est que vous n'avez jamais vu le film The Blob, sorti en 1958, où extra-terrestre géant et gluant sème la terreur. Ou que vous n'avez jamais entendu parler de Physarum polycephalum, un organisme unicellulaire suffisamment fascinant pour qu'Audrey Dussutour, chercheuse au CNRS, éthologue à l’université Toulouse-III-Paul-Sabatier, se penche sur son cas dans Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le blob sans jamais oser le demander.

"Le 'blob', ou Physarum polycephalum, est un myxomycète, du grec qui veut dire champignon gluant, raconte Audrey Dussutour. C'est un organisme unicellulaire. Avec une seule cellule, sans cerveau ni organe, il doit tout faire : respirer, manger... et il est aussi capable d'apprendre. Jusqu'à présent, tout le monde était d'accord pour dire qu'il fallait au moins un système nerveux, quelques neurones pour apprendre pour apprendre. Ça ouvre un champ énorme." 

Apprendre à un champignon gluant, vaste programme... "On peut par exemple l'habituer à des substances qu'il n'aime pas, quinine, caféine... détaille Audrey Dussutour. Il peut apprendre mais aussi transférer ses apprentissages à un autre blob."

Les ingénieurs qui étudient le blob s'intéressent en particulier au réseau de communication qu'a développé ce champignon rudimentaire. "A l'intérieur d'un blob, il y a un réseau optimisé, un système veineux." "Des chercheurs ont mené une expérience pour voir si le blob pouvait recréer un réseau ferroviaire..." La recherche sur les blobs intéresse aussi la cancérologie : "La morphogenèse de ces réseaux obéit aux mêmes lois physiques que celle des réseaux veineux qui alimentent les tumeurs. On étudie le blob plutôt que la tumeur in vivo pour empêcher la formation de ce réseau."  

Audrey Dussutour défend son sujet d'étude, même s'il peut dérouter. "Quand on travaille sur des organismes aussi bizarres que le blob, on n'obtient pas facilement de financement. Or les plus grandes découvertes scientifiques ont été faites sur des animaux très bizarres."

Et si elle devait faire une mise à jour, que voudrait corriger, modifier ou effacer Audrey Dussutour ? "Je suis peut-être un peu obsessionnelle en recherche… J’ai tendance à demander toujours plus, j’ai une grande frayeur de publier quelque chose de faux et j’ai tendance à répéter mes expériences à outrance."

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