Cet article date de plus de trois ans.

Micro européen. Dimanche 26 septembre 2021, l’après Merkel va commencer…

Kaï Littmann, journaliste, rédacteur en chef et fondateur du site eurojournalist.eu est l'invité de "Micro européen" pour le décryptage du scrutin en Allemagne à la veille des élections législatives, demain dimanche 26 septembre. L'après Merkel va commencer dans un réel flou quant aux résultats des élections de 2021. 

Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La chancelière Angela Merkel le 27 août 2021 à Berlin. (TOBIAS SCHWARZ / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP)

Demain dimanche 26 septembre, les citoyens allemands vont élire un nouveau parlement, le Bundestag, et de cette élection naîtra le gouvernement allemand, mais cette élection n’élira en rien le ou la nouvelle chancelière ; seules les tractations d’après vote, les différentes rencontres entre partis sauront donner à l’Allemagne un ou une cheffe de gouvernement.

Aux derniers sondages, c’est le parti social- démocrate le SPD qui arrive en tête, avec 25%, son candidat étant Olaf Scholtz. Vient ensuite la CDU-CDS, 21%, représentée par Armin Laschet, les Verts, 16%, de Annalena Baerbock, les libéraux du FDP, 11%, de Christian Linder, score égal avec le parti nationaliste AfD, 11%, de Alice Weidel et Tino Chrupalla, enfin 7% pour l’extrême gauche Die Linke, de Dietmar Bartsch et Janine Wissler. 

La fin du continuum Merkel 

Comme nous l’explique notre invité KaÏ Littmann, journaliste et fondateur du site eurojournalist.eu, tout peut arriver dans cette élection, et si un quart des électeurs sont encore indécis, le reste se demande bien à quelle sauce sera servi le nouveau gouvernement. Car dans le fond, l’électeur allemand n’aspire qu’à la tranquillité et à la sérénité façon Merkel, entre autres, pour les jeunes générations qui n’ont connu que la vie avec Angela depuis 16 ans.  

Il faut dire que la jeune Angela Dorothea Kasner, son nom de jeune fille, physicienne et fille de pasteur, a étudié en RDA, l’ancienne Allemagne de l’Est. Ainsi, l’ancienne porte-parole adjointe du dernier gouvernement allemand de l’Est, celui de Lothar Demaiziere, prise sous l’aile du chancelier de l’Ouest Helmut Kohl qui deviendra son mentor, deviendra Angela, on connaît la suite.

16 ans sous l’ère Merkel qui a assuré aux Allemands une défense des intérêts allemands en Europe, une stabilité sociale et monétaire, une influence internationale par le succès de son commerce extérieur, et une coloration très allemande de l’Union européenne, au grand dam des Grecs qui ne peuvent oublier ce que la chère Angela leur a fait subir durant la crise économique et financière débutée en 2009. Aujourd’hui, le souhait de l’électeur allemand est un continuum Merkel sans Merkel. 

Qui gagnera ne gouvernera peut-être pas… 

Il y a quelques mois, les Verts étaient bien positionnés dans la course à l’élection, et le successeur désigné d’Angela à la tête de la CDU-CSU n’était pas trop mal placé non plus. On voyait donc se dessiner une coalition Verts, CDU-CSU avec soit le SPD, soit les libéraux du FDP.

Mais les choses ne sont pas allées comme certains le voulaient, le candidat CDU-CSU a fait bourde sur bourde, et la candidate verte a vu son aura se ternir avec quelques soupçons de plagiat concernant son dernier livre. Il n’en fallait pas moins pour les socio-démocrates du SPD, que tout le monde donnait par trop affaiblis, et usés de remonter le courant et d’aller en amont d’une campagne qui voyait faiblir les deux champions Verts, CDU-CSU. Et si aujourd’hui le SPD arrive en tête, rien n’est joué… Car le SPD pourrait-il remporter la majorité à l’élection, que les portes de la chancellerie ne lui seraient pas ouvertes si une coalition Verts, CDU-CSU, FDP venait rafler la mise et verrait le vainqueur SPD dans l’opposition du nouveau gouvernement.

C’est la raison pour laquelle, dès le lendemain du résultat, les principaux partis vont entrer en tractations-négociations, et Angela Merkel n’est pas prête de boucler ses valises. Aux dernières élections il a fallu attendre 6 mois pour connaître le nouveau gouvernement présidé par Angela Merkel. Cette fois, les observateurs prédisent des négociations qui risqueraient de faire apparaître un exécutif pour Pâques 2022, ce serait bien long une nouvelle fois. Ainsi Angela Merkel se sait chancelière encore pour un certain temps, mais pas pour "régler les affaires courantes" à la française, plutôt pour gérer des dossiers bien lourds et difficiles qui ne peuvent attendre l’arrivée des cloches de Rome… 

Alors qui ?

Bien malin qui pourrait le dire, pour l’heure, le plus disposé au poste de chancelier serait Olaf Scholtz, le social-démocrate, mais en tout état de cause, les partis en lice devront respecter le souhait des électeurs, "surtout pas de vagues", alors Olaf, Annelena, Armin ou Christian ? D’ici là, Angela a le temps pour se préparer au ménage de printemps… 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.