Élections en Croatie : le nouveau gouvernement croate entre dans une "cohabitation dure" avec le président

C'est le Premier ministre de centre droit Andrej Plenkovic qui a remporté les élections législatives. Allié avec la formation d'extrême droite pour former un gouvernement, il va cohabiter avec le président social démocrate, Zoran Milanovic.
Article rédigé par franceinfo - José-Manuel Lamarque
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Andrej Plenkovic, Premier ministre vainqueur des législatives, avec le président croate Zoran Milanovic, le 10 mai 2024 à Zagreb. (DAMIR SENCAR / AFP)

La Croatie a renouvelé son parlement uni caméral, le Sabor, le 17 avril dernier. Dans Micro européen, Vladimir Matek, ancien diplomate croate, éclaire sur les suites de ces élections législatives hors normes. Le Premier ministre de centre droit Andrej Plenkovic faisait face au parti social-démocrate (SDP) du président en exercice de la Croatie, Zoran Milanovic. Et c'est Andrej Plenkovic qui l'a emporté.

franceinfo : Le Premier ministre Andrej Plenkovic et son parti, l'Union démocratique croate (HDZ), se sont imposés, mais cela a été difficile de former un gouvernement. Il a fallu faire une alliance ?

Vladimir Matek : Exactement. Il a fallu faire alliance. Il n'y avait pas d'autre possibilité, ni pour les partis de gauche, ni pour aucune autre combinaison. Il a dû faire avec le parti sorti troisième de ce scrutin, le Mouvement patriotique (DP), qui est une droite populiste. 

Ce Mouvement patriotique est très proche des identitaires ?

Exactement. C'est quelque chose qui se voit maintenant presque partout en Europe. De mon point de vue, malheureusement. Le gouvernement va être créé de sorte que le Mouvement patriotique n'aura pas ce qu'il comptait obtenir. Ils avaient insisté pour le ministère de l'Enseignement, de la Culture, etc. Finalement, ils auront une partie de l'économie, avec l'énergie, ils auront l'agriculture, parce que leur base électorale est en Slavonie, qui est une région plutôt agricole, et ils auront en quelque sorte en consolation un nouveau ministère, le ministère de la Démographie. Depuis que la Croatie est entrée dans l'Union européenne, à peu près 400 000 personnes ont quitté le pays en espérant trouver mieux, surtout en Irlande, en Autriche et en Allemagne. Mais maintenant les choses, avec la crise économique qui commence, ne se présentent pas très bien là-bas, Certains expatriés, surtout de l'Amérique du Sud où les choses ne vont pas très bien non plus, pourraient vouloir rentrer dans leur pays, les enfants des anciens migrants.

Il se dit qu'Andrej Plenkovic se verrait un "avenir européen" ?

C'était une part de la campagne pour faire peur aux gens en disant : il va vous abandonner. Mais il a démenti très strictement et personnellement, je ne crois pas. Même si, ne sachant pas ce qui va se passer dans les élections européennes, on ne peut jamais dire jamais. 

Il y a donc un gouvernement de centre droit et de droite populiste, avec un président de la République qui lui est un social-démocrate. Comment va se gérer l'avenir de la Croatie ? 

Une cohabitation dure. C'est une guerre "privée" de Milanovic contre Plenkovic. Le président, par la Constitution, n'a pas grande possibilité d'influencer la politique dans le pays, mais il peut bloquer certaines choses : les nominations des ambassadeurs (ce qui est déjà arrivé) ou certaines nominations au niveau de la défense parce qu'il est chargé par la Constitution d'être un partenaire du gouvernement dans ces deux secteurs-là. Pour le reste, il peut faire des commentaires, mais pas grand-chose en termes d'action. À la fin de l'année, il y a une présidentielle, et cela m'étonnerait qu'il passe de nouveau. 

Êtes-vous confiant dans la capacité du nouveau gouvernement croate à gérer le pays ? 

Dans la situation géopolitique que nous vivons maintenant, il était important d'avoir une stabilité parce que l'alternative était d'avoir de nouvelles élections et que tout cela traîne Dieu sait combien de temps, avec des majorités impossibles à créer. Là, il y aura un peu de changement dans la ligne, mais pas trop. Et le pays aura quand même une stabilité, de nouveau.

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