Brexit : deux "Irlande" en proie à un accord britannique
En se retirant de l'Union Européenne, le Royaume Uni a fait ressurgir le spectre d’une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
L’Irlande et le Brexit, ou plutôt la question des deux "Irlande", celle du nord et la République d’Irlande font face à la question, comme nous l’a expliqué notre invité, l’universitaire irlandais Patrick O’Sullivan.
Depuis les Accords du vendredi Saint, qui avaient mis fin à trente années de troubles en Irlande du Nord, la paix était revenue dans la verte Eirin, et le Brexit n’a pas ravivé vraiment de tensions, bien que réapparaissait le spectre d’une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
Une frontière maritime
Le coût d’une frontière terrestre s’avérait fort coûteux, et ce fut une frontière maritime qui eut la préférence. Le schéma en est très simple, liberté de circulation des personnes entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande mais taxation des produits et des biens entre le Royaume Uni et La République d’Irlande. Ce qu’il faut comprendre, une taxation pour tous biens et produits venant d’Angleterre, Ecosse et Pays de Galles vers l’Irlande du Nord, remboursement de la taxation si les biens et produits restent sur ce territoire, mais taxation maintenue s’ils sont transférés vers la République d’Irlande. Ce qui fait grincer des dents des producteurs et intermédiaires nord-irlandais. Mais, "à qui perd gagne", la question de l’agroalimentaire irlandaise risque d’être très défavorable au Royaume Uni
L’agro-alimentaire de la République d’Irlande
Aujourd’hui, les producteurs irlandais se sont organisés face au Brexit. Naguère l’agro-alimentaire irlandais fournissait le Royaume Uni avec un passage vers Londres, puis vers le continent, la capitale britannique pouvait compter sur cet agro-alimentaire tant qu’elle était membre de l’UE. C’est moins le cas aujourd’hui où les ferries ont été renforcés depuis la République d’Irlande vers l’Union européenne, dont la France. Ce qui pourrait être préjudiciable pour le Royaume Uni avec une réduction des exportations irlandaises, taxées, malgré la demande anglaise. Reste la question de la nationalité.
Une double nationalité effective
Depuis quelque temps, la République d’Irlande s’est ouverte à l’Irlande du Nord en faisant bénéficier les Irlandais du Nord de la citoyenneté irlandaise. Aujourd’hui, les demandes sont en forte hausse. Seuls les Orangistes, ou Unionistes, soit les Irlandais du Nord protestants, descendants entre autre d’Ecossais restent fidèles à la couronne britannique, et dont les groupes paramilitaires ont renoncé à toute action violente, se posent la question d’une identité irlandaise liée à Londres. A se demander si certains n’ont pas aussi opter pour la double nationalité.
Le référendum dans les brumes
Telle la navigation en mer d’Irlande souvent sujette à la brume, il en va de même de la question d’un référendum en Irlande du Nord. Le clan catholique y serait favorable, mais ne se prononce toujours pas. La question écossaise fait l’actualité britannique, et laisse les républicains irlandais dans un grand attentisme. Si jamais Edinburgh se détachait de Londres, il se pourrait que Belfast veuille suivre le même chemin, et peut-être même Cardiff au Pays de Galles, ce qui donnerait des sueurs froides à Downing Street voyant se réduire son pouvoir à la seule Angleterre, le Royaume ne serait alors plus uni.
Il est bien trop tôt pour envisager des projections, et la question de la pêche entre le Royaume Uni et l’UE, dont une partie est en mer d’Irlande est toujours sur la table. Toutefois, que feraient les Irlandais du Nord d’une indépendance, rejoindre Dublin, ou créer un état et demander à rejoindre l’UE ?... Et quel intérêt pour Dublin de récupérer Belfast ?... "Tout est trop cher quand on en a pas besoin" disait le grand romancier et poète irlandais James Joyce.
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