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Edwy Plenel : "En Martinique, j'ai pris conscience du monde"

Le journaliste a grandi en Martinique. En 1959, enfant, il a vécu au plus près la répression des manifestants qui réclamaient plus d'égalité dans l'île. Cet événement l'a transformé.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
  (©)

Le fondateur de Mediapart n'avait que sept ans, mais il
s'en souvient comme si c'était hier : "un incident raciste ", "une
insurrection populaire
" et la mort de trois jeunes gens, tués par la
police. A l'époque, explique le journaliste, la Martinique était encore "un
vrai monde colonial de totale inégalité
".

Le père d'Edwy Plenel avait un rôle important dans l'île. Il était
vice-recteur, chargé de superviser l'enseignement. Publiquement, et contre
l'avis des autorités, Alain Plenel a pris la défense des jeunes gens tués. Il
est allé jusqu'à donner le nom de l'un d'eux à un nouveau groupe scolaire. Le
fonctionnaire a été sanctionné, mais son geste a durablement touché les
Martiniquais. Aujourd'hui encore, à plus de 90 ans, il reste, selon Edwy Plenel,
le symbole d'un "haut-fonctionnaire qui a dit non ".

"Pour moi , explique Edwy Plenel, l'empreinte indélébile, c'est
l'idée du déplacement. J'ai compris qu'on ne peut pas penser les questions de
justice, de droit, hors du monde. Ces inégalités (la colonisation, l'esclavage,
la domination), nous devons les avoir en présence quand on parle depuis la
'grande Europe', les 'grandes nations', le 'Grand occident
". Plus
intimement, le journaliste reste très attaché à la Martinique, terre de volcans
et de "colère créatrice ", comme la définit le poète Aimé Césaire.

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