Cabu : "Le Vel d'Hiv, entre l'horreur et la joie"

En 1948, Cabu a dix ans. Le journal Coeur vaillant organise un concours de dessin. Cabu remporte le premier prix : une bicyclette, qu'il doit venir chercher à Paris.

Le Vel d'Hiv, temple du sport

Le cadeau lui est remis dans ce qui est alors un temple du sport, le Vélodrome d'hiver, surnommé le Vel d'Hiv, où sont organisées de nombreuses compétitions cyclistes. Cabu se souvient avoir effectué ce jour-là un tour de piste : "Il y avait plein de monde, j'ai failli me casser la figure" . L'enfant est heureux.

En 1956, il revient au Vel d'Hiv, cette fois pour découvrir le jazzman, Cab Calloway, accompagné de son orchestre.

La prise de conscience

A cette époque, Cabu n'imagine pas un instant la tragédie qui s'est nouée ici, quelques années plus tôt. Le 16 et le 17 juillet 1942, plus de 13 000 juifs parisiens ont été arrêtés, dont 4.000 enfants. 8.000 d'entre eux ont été enfermés, plusieurs jours durant, entre les murs du Vel d'Hiv, avant d'être envoyés vers les camps de la mort.

Quand Cabu découvre ce qui s'est passé, et que le Vel d'Hiv est un lieu majeur de la Shoah, le choc est grand : "On en a parlé vraiment en 1966 quand un des rares survivants, le docteur Claude Levy, a écrit un livre pour raconter ce qui s'était passé. On m'a demandé d'illustrer ce livre. J'ai découvert alors cette tragédie. Je me suis demandé pourquoi l'histoire n'avait pas été dite plus tôt. "

La tragédie, mêlée au souvenir de plaisir

Aujourd'hui, le dessinateur passe parfois encore à l'emplacement du Vel d'Hiv, détruit depuis. Il s'arrête devant le monument inauguré par Jacques Chirac : "Dans ma mémoire, la tragédie se mêle au souvenir de plaisir. Ca me trouble. Pourquoi m'a-t-on fait participer à cette fête, en 1948 ? "

Cabu vient de publier deux nouveaux livres : Cabu Swing (Les Echappées) et Cabu New York (Les Arènes).