Ma vie d'après. Le dividende, de moins en moins versé
Ces petits riens, ces petits touts, la preuve que rien ne sera plus comme avant, que le "monde d'après" est déjà là. Mardi, le dividende. De moins en moins fréquent. Les entreprises renoncent à rémunérer leurs actionnaires.
Je suis le dividende et cette année, disons que c’est davantage Perdu de vue que Qui veut gagner des millions ? À chaque jour son entreprise qui renonce à rémunérer ses actionnaires. Pour n’en citer que quelques-unes. KLM dans l’aérien, Rothschild dans la banque d’affaires, et TF1 dans les médias. Annonces en cascades aussi chez les acteurs de l’énergie, notamment les pétroliers qui réduisent drastiquement les montants versés au titre du dividende. Pour mieux comprendre ce que cela veut dire,nous avons demandé à Patrick Pilcer, conseiller en investissement, d'expliquer à quoi sert précisément cet outil financier : "Le dividende, c'est une façon pour le conseil d'administration de partager la valeur créée par l'entreprise.Une partie va vers l'employé, une partie sert à financer les projets qui vont arriver dans les mois suivants pour l'entreprise et une partie sert à rémunérer l'actionnaire." En somme, le dividende, c’est le paiement du service rendu par l’actionnaire, qui en investissant son argent permet à l’entreprise de financer des projets d’avenir et d’accroître la richesse créée. Raison avancée par Emmanuel Macron fin juin pour rejeter l’une des propositions de la convention citoyenne, celle de taxer à hauteur de 4% les dividendes. Elle nuirait à l’attractivité, dit le Président.
La subvention ou l'emprunt
L’autre moyen de financer la création de richesse, c’est la subvention ou l’emprunt. La subvention, c’est la puissance publique, et c’est des montants limités… L’emprunt, c’est être dépendant d’une banque, à qui l’on doit chaque année des intérêts fixés par contrat. L’avantage du dividende, en revanche, c’est que son montant est déterminé par le conseil d’administration. Et il n’est pas rare d’ailleurs, dans l’écosystème des start-ups par exemple, que les entreprises décident de ne rien verser du tout, à l’image de Google, comme le rappelle l’expert financier Patrick Pilcer : "De 2005 à 2012, Apple n'a pas assez de dividendes. Ce n'est pas pour ça que les actionnaires étaient déçus ou n'ont pas acheté des actions Apple. Mais la perspective de générer de la plus value était très forte et donc attirait aussi des actionnaires. La contrepartie du fait qu'il n'y ait pas de dividendes, fait qu'il y ait une appréciation des actions." Et depuis que Google est devenu Alphabet, la politique de la maison n’a pas changé pas ou peu de dividendes.
Pour revenir à la France, l’État en tant que régulateur appelle les entreprises à la modération cette année. L’an dernier, nous étions les champions d’Europe de la rémunération des actionnaires avec plus de 60 milliards d’euros distribués. L’État-actionnaire en perçoit lui-même autour de 2,5 milliards d’’euros. Ce sera évidemment beaucoup moins en 2020.
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