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Pourquoi le paon fait-il la roue ?

Vous connaissez tous cette magnifique image du paon qui fait la roue. Un mâle. Intuitivement, on se dit que c’est pour faire peur aux adversaires. Pas du tout !
Article rédigé par Philippe Vandel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Le paon, un géniteur handicapé en cas de danger. Et pourtant... © RF/Laurent Le Limantour)

Contrairement au tigre qui montre ses dents pour vaincre sans combattre façon dissuasion, la queue du paon ne s’adresse pas à ses adversaires, bien au contraire. C’est la deuxième hypothèse qui est la bonne : c’est pour séduire la femelle. Elle cherche le mâle le plus fort pour se reproduire. C’est la loi de l’évolution naturelle. Sauf que, je reviens à mon parallèle avec les tigres, des dents énormes sont un avantage stratégique ; alors que la queue du paon ne sert à rien d’autre que "faire joli". Elle se trouve être par ailleurs être un handicap physiologique. Ce surpoids et cet encombrement ralentissent l’oiseau dans sa course et dans son vol. Il devient donc plus vulnérable que ses congénères.

L’ornithologue israélien Amotz Zahavi a étudié, sinon même découvert ce phénomène qu’il appelle "le principe du handicap". Zahavi s’est spécialisé dans la biologie de l’évolution. Il explique ce comportement apparemment mortifère de madame Paon : se choisir un géniteur handicapé en cas de danger. Les femelles préfèrent précisément ces mâles "à la queue imposante", car ces derniers ne pourraient pas survivre à leur handicap s’ils ne disposaient pas de gènes supérieurs à ceux des mâles "normaux".

On peut faire un parallèle avec notre espèce, et même avec l’homme précisément. Le bellâtre qui roule en Ferrari ou en Lamborghini dans Paris peut prêter à sourire. C’est effectivement absurde : à quoi bon sortir son bolide de sport là où il est interdit de dépasser le 50 km/h ? A ceci près qu’ainsi, il affiche aux yeux de tous (et de toutes) que, s’il peut s’offrir le superflu, c’est qu’il possède déjà le nécessaire.

Sans cette voiture hors de prix, le businessman aurait peut-être pu s’offrir un appartement encore plus spacieux, ou une maison de campagne. Oui, mais il serait peut-être célibataire. Comme dit le proverbe, "c’est toujours plus beau lorsque c’est inutile". Jusqu’à preuve du contraire…

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