Réforme constitutionnelle : baisser le nombre de parlementaires "n’est pas vraiment nécessaire", estime l’économiste Éric Delannoy
Les invités des "Informés" sont notamment revenus, mercredi, sur les grands axes de la réforme constitutionnelle présentée par le Premier ministre, Edouard Philippe.
"Il ne s'agit ni de revenir à la IVe République, ni de passer à la VIe mais de repasser aux sources de la Ve République", a déclaré le Premier ministre, mercredi 4 avril, en dévoilant les grandes lignes de la révision constitutionnelle voulue par Emmanuel Macron, après des semaines de discussion entre la majorité et l'opposition. Édouard Philippe a notamment annoncé la baisse de 30% de parlementaires au Sénat et à l’Assemblée nationale.
L’extrait
franceinfo : L’argument utilisé pour diminuer le nombre de parlementaires, c’est de dire : "Comme ça, on pourra permettre aux autres parlementaires de mieux travailler car ils pourront bénéficier d’une enveloppe parlementaire plus importante, donc avoir plus de collaborateurs et aller réellement au fond des dossiers." Est-ce la bonne solution, Éric Delannoy, économiste et président fondateur du cabinet Tenzing Conseil ?
Éric Delannoy : Il est vrai qu’aujourd’hui, contrairement à ce que l’on pense, les parlementaires manquent de moyens. Je crains en revanche que cette mesure soit populaire uniquement parce qu’on pense que cela engendra des économies de dingue. Personnellement, je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne idée. Non pas sur l’aspect démocratique, mais sur un aspect de "est-ce vraiment nécessaire ?" Il s’est passé quelque chose d’incroyable en juin 2017 : on a eu une Assemblée davantage représentative du corps électoral français, en termes de classes socio-professionnelles. Est-ce qu’il fallait aller plus loin ? Je ne suis pas sûr, quand on sait qu’aujourd’hui la moyenne européenne est de 1 parlementaire pour 40 000 citoyens, tandis qu'en France, elle est de 1 pour 70 000. Est-ce qu'il fallait vraiment baisser ? Il est clair qu’on va nous opposer les États-Unis, où la moyenne est de 1 pour 600 000, mais c’est une autre organisation territoriale et une autre organisation politique, donc ce n’est pas tellement comparable.
Les invités
Éric Delannoy : économiste et président fondateur du cabinet Tenzing Conseil
Thomas Guénolé : politologue, chercheur associé à l’IRIS et auteur de Antisocial, la guerre sociale est déclarée (éd. Plon, mars 2018)
Audrey Goutard : chef adjointe du service enquêtes/reportages de France Télévisions
Éric Mettout, directeur adjoint de la rédaction de L’Express
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