"Pauvres créatures" : Le fantastique à l'ère post #MeToo

Les sorties de la semaine avec Thierry Fiorile et Matteu Maestracci : "Pauvres créatures" de Yorgos Lanthimos et "Animal" de Sofia Exarchou.
Article rédigé par Thierry Fiorile, Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
"Pauvres créatures" de Yorgos Lanthimos. (SEARCHLIGHT  PICTURES)

"Pauvres créatures" de Yorgos Lanthimos 

À Londres, dans l'Angleterre victorienne, un savant un peu fou, Godwin Baxter – l'acteur Willem Dafoe couvert de cicatrices sur le visage – vit avec Bella (jouée par Emma Stone), une jeune femme que ce docteur Folamour a sauvée d'un suicide en lui implantant le cerveau du bébé qu'elle portait. C'est un peu gore, mais tout de suite très enlevé, drôle et plein de surprises.

Immature intellectuellement et physiquement, Bella montre vite des capacités étonnantes et part découvrir le monde et la vie, avec un net penchant pour le sexe. Un long voyage, plein de rebondissements, dans un palace à Lisbonne, les bas-fonds d'Alexandrie et un bordel parisien. Autant d'étapes qui font avancer cette femme vers son autonomie face à un patriarcat tourné en dérision. Un film à rebours des récits classiques.

  

"Animal" de Sofia Exarchou

Un point de vue très intéressant, qui va totalement à l'encontre de ce qu'on peut attendre habituellement d'un film sur le tourisme en Grèce (ou dans un pays chaud et méditerranéen quel qu'il soit). Ici, pas de palace cinq étoiles, d'images léchées pour les cartes postales et prospectus, mais une destination ou tout semble grisâtre et cheap, comme ce groupe d'animateurs que l'on suit. Des préposés à la fête, au divertissement, avec l'injonction de séduire, faire rire, s'amuser en laissant ses propres soucis à la porte, autour de la figure de la chef Kalia, 35 ans, au physique déjà usé.

C'est dans ce quotidien morne, mélancolique et très répétitif que nous immerge la réalisatrice Sofia Exarchou. Elle avait déjà signé en 2016 Park sur une jeunesse athénienne désabusée traînant dans les sites abandonnés des JO de 2004. Elle revient ici à l'envers du décor, dans une économie grecque aux abois qui ne croît plus aux mirages du capitalisme depuis un moment.

  

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