Les syndicats de La Poste dénoncent un malaise persistant dans l'entreprise. NicolasChoffel, lui, était à bout, physiquement et moralement. Le cadre a été placé enarrêt maladie, puis il s'est donné la mort. Sa femme, Ilma Choffel de Witte estd'origine néerlandaise et selon elle, aux Pays-Bas, l'épuisement professionnelest beaucoup mieux pris en compte. Elle voudrait que la France s'intéresseenfin au burn out."Mon mari, qui était un grand sportif, s'est affaiblipetit à petit. Il a perdu près de 18 kilos entre novembre et janvier et cela secaractérisait par une grande fatigue physique et intellectuelle. Sur son arrêtmaladie, il était écrit en grosses lettres "burn out". Il en pleuré. Il m'a dit : "Quand je vois mon arrêt maladie, je vois lafin de ma carrière ", raconte Ilma Choffel."Au cours de son congé maladie, mon mari a étécontinuellement sollicité par l'entreprise. Il recevait plus de 50mails urgents à traiter par jour. On l'appelait pas pour prendre de ses nouvelles, mais pour discuter despetits problèmes de la journée à La Poste et pour savoir comment y remédier. Cela m'a aussistressée et un jour j'ai décidé de ramener son Iphone à l'entreprise pour créerune rupture. "Pas de réaction de La PosteAprès le décès de son mari, l'employeur d'Ilma Choffel de Witte s'estmanifesté auprès d'elle. Mais pas La Poste. "La première réaction que j'aieue de La Poste c'était dans Le Parisien, à travers un article qui m'a faitbeaucoup de mal. On parlait de son suicide et M. Bailly, le patron de LaPoste, disait que c'était dû à un malheur familial, que le travail étaitdérisoire. "* En veut-elle à Jean-Paul Bailly ? Pas personnellement, car "il défend un système qui fait l'autruchedepuis 2008.* "Briser l'omertaDepuis deux mois, Ilma Choffel de Witte reçoit de nombreux messages, notamment de veuves dans la même situation qu'elle. Une veuve d'un salarié de Renault lui a demandé de briser "l'omerta". "Tout le monde sait très bien que cela existe, mais le système ne veut pas prendre ses responsabilités. C'est un état d'esprit qui manque en France. Ici, le burn out est une maladie de perdants. " Ilma Choffel de Witte estime que c'est un problème culturel, que les mentalités doivent changer.Le début du combatIlma Choffel de Witte a écrit à François Hollande. Leprésident de la République lui a répondu, personnellement et elle vient d'obtenirun rendez-vous au ministère du Travail pour parler du burn out. Elle sera reçue,avec des experts, le 21 mai 2013. Son combat ne fait donc que commencer.