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Caissière : les dessous du métier

La sociologue Marlène Benquet, alors étudiante, s'est fait embaucher comme caissière. Dans son enquête "Encaisser", aux éditions La Découverte, elle raconte les coulisses de la grande distribution.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Pour réaliser cette enquête, elle s'est présentée dans différents
hypermarchés afin d'être embauchée comme caissière. "Vous arrivez à l'accueil
de l'hypermarché, vous donnez un cv très court, pas de lettre de motivation, et
on vous convoque. On vous pose des questions sur votre endurance physique,
votre capacité à travailler huit à dix heures dans une journée et ensuite vous
commencez.
"

Le travail n'est pas vraiment expliqué aux candidats car la
période d'essai permet de faire un tri naturel. "La sélection se fait sur
le tas à la résistance des salariés.
"

De nombreuses contraintes

"Ce que j'ai trouvé le plus compliqué, c'est que les
caissières n'ont pas la possibilité de gérer elles-mêmes les imprévus de
la caisse. Si une difficulté se présente, la caissière est systématiquement
obligée de demander à son supérieur hiérarchique de débloquer sa caisse ou de l'aider à régler son problème.
"

"La durée de travail est très dure et les gestes sont
très répétitifs. Cela ressemble beaucoup au travail à la chaîne, contrairement à
ce que l'on pourrait penser. Cela implique d'être capable de faire les mêmes
gestes quatre ou cinq heures d'affilée.
"

"Le travail à la caisse est très surveillé. Tout ce
que vous faites sur votre caisse est centralisé au sein d'un ordinateur central
qui est surveillé par la hiérarchie. Vous êtes surveillé par les premières
caissières, les caméras et par le regard des autres. Vous ne pouvez pas vous
isoler cinq minutes.
Même pour aller aux toilettes, il faut une autorisation. "

Les protestations commencent

Les femmes qui occupent ses emplois y ont souvent recours faute de mieux et ont tendance à ne pas se plaindre. Dans ce secteur il y a très peu d'actions collectives et de
grèves, explique Marlène Benquet. Mais depuis cinq ou six ans, la situation est
en train de changer : grève dans un supermarché marseillais en 2008, journées
d'actions organisées par les syndicats... "Les choses sont en train de
changer et il commence à y avoir de la résistance organisée dans ce secteur
précaire et féminin.
"

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