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L'Atlantique à la rame

A bord de "la Fileuse", Pierre Verdu est en route pour la Guyane. En réalité, il est engagé dans une course, une traversée de l'Atlantique en solitaire, sans escale, sans assistance mais… à la rame.
Article rédigé par Régis Picart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Avec 25 autres
concurrents, dont une femme, Pierre Verdu a quitté le Sénégal le 29 janvier.
Les premiers atteindront la Guyane vers la mi-mars. Les débuts ont été
difficiles. Le mauvais temps a contraint six rameurs à abandonner. Pas si
simple quand on a affaire à une flottille dispersée. Il a fallu plusieurs jours
aux bateaux suiveurs pour les récupérer et les déposer au Cap Vert.

Pour Pierre
Verdu, dont c'est la première participation à la course, la mer et plus
particulièrement la rame, c'est une affaire de famille. Son grand-père et son
père étaient pêcheurs à la rame. A l'époque, ils n'avaient tout simplement pas
les moyens de se payer un moteur. Mais c'est en voyant la joie des rameurs qui
avaient réussi la traversée de l'Atlantique, que l'envie de partager ces
sensations lui est venue. Deux ans de préparation et voilà Pierre Verdu engagé
dans la troisième édition de la Bouvet-Guyane.

C'est une
course, mais c'est aussi exercice de lenteur. Pierre Verdu a tout le loisir d'observer
des levers et des couchers de soleil fantastiques, le scintillement de l'eau la
nuit, il a croisé des baleines, des dauphins. Avec un ciel très voilé, les
panneaux photovoltaïques ne donnent pas leur plein rendement et le
dessalinisateur ne fonctionne pas parfaitement. Il a aussi chaviré plusieurs
fois. Ce sont des détails qui n'arrêtent pas Pierre Verdu….

"Je pensais qu'avec l'effort je dormirai plus, et
bien non, je dors quatre, cinq heures par nuit. Alors, je ne rame pas des
heures entières sans m'arrêter du tout. Je rame quarante cinq minutes,
cinquante minutes et je fais des petites poses de quinze, vingt minutes. Et
ceci étant, cela me fait faire dans la journée peut-être dix, douze heures de
rame. Depuis le départ, on a une mer relativement forte et on très secoué, très
balloté. Et encore une fois, le corps se met en place. On a un équilibre
naturel qui, au fil des heures, se met en place et je ne me rends plus trop
compte que le bateau bouge à gauche à droite. A part lorsqu'une vague vient
claquer le bateau, comme cela arrive souvent, et à ce moment-là, on se tient et
on rentre la tête dans les épaules parce qu'on se prend une baffe d'eau. Et
bon, voilà, c'est tout. On a un peu froid parce que l'eau est assez chaude mais
l'air est frais."

Pierre Verdu
espère atteindre la Guyane vers le 10 mars. Les chavirages, les petites fuites
d'eau ne freinent en rien son ardeur et sa volonté d'aller jusqu'au bout.

 

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