Cet article date de plus de dix ans.

Dans les pas d'une journaliste en Afghanistan

Pascale Bourgaux s'est rendue six fois en Afghanistan en presque dix ans. Ses reportages télé sont devenus un film passionnant : "Les larmes du signeur afghan". Et une bande dessinée qu'elle cosigne avec le scénariste Vincent Zabus et le dessinateur Thomas Campi.
Article rédigé par Bertrand Dicale
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
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Quand
on évoque l'Afghanistan, les lecteurs de bandes dessinées pensent immédiatement
à un chef d'œuvre : Le Photographe d'Emmanuel
Guibert, Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier
qui racontait l'histoire d'un
photoreporter dans l'Afghanistan des années 1980, lorsque les moudjahidines
étaient en guerre contre l'occupant soviétique. C'est un sommet de ce
qu'on appelle la BD reportage ou la bande dessinée du réel. Le tome 2 du Photographe avait d'ailleurs obtenu en
2005 le Prix France Info de la Bande dessinée d'actualité et de reportage.

Retour en Afghanistan ****

Vient de paraître, dans la même collection " Aire
Libre " des éditions Dupuis, une autre bande dessinée : Les larmes du seigneur afghan . Elle est
signée du dessinateur Campi , du scénariste Vincent Zabus et de la journaliste Pascale
Bourgaux.
Pascale Bourgaux est grand-reporter. Après les attentats du 11
septembre 2001 et l'assassinat du commandant Massoud, elle s'est rendue six
fois en Afghanistan en l'espace d'une décennie. Elle en a rapporté des
reportages pour la RTBF, puis a réalisé un film documentaire de ce long
compagnonnage journalistique avec le chef d'une petite région au nord du pays :Les larmes du seigneur
afghan
.

Au fil du récit, dans ce village, à côtoyer ce chef de guerre très
paternaliste, souriant, dont on pourrait dire avec nos critères occidentaux
qu'il pratique un féodalisme éclairé –il aide les pauvres, ses femmes portent
la burqa  mais il ouvre des écoles de
filles-, on va s'apercevoir que les puissances étrangères censées l'aider et surtout
aider la population, et que le pouvoir central à Kaboul ont à peu près tout
raté. Peu à peu, les gens deviennent très perméables aux promesses faites
par les talibans.

**Une mise en abyme du grand reportage

**

La
BD porte le même titre, Les larmes du
seigneur afghan
, mais ce n'est pas à proprement parler une adaptation du
film documentaire. Pas vraiment non plus un making-of, l'histoire de la
fabrication du film. C'est surtout une réflexion sur le métier de journaliste
de terrain. On s'attache à ce personnage qui
fonctionne à l'empathie, qui aime partager avec ceux qu'elle rencontre. Ce qui
ne l'empêche pas de faire des erreurs, et de nous les montrer.

Le dessinateur Thomas
Campi a pu s'aider du film de Pascale Bourgaux, discuter avec la journaliste, mais
le résultat est tout de même étonnant quand on sait qu'il n'est jamais allé
lui-même en Afghanistan. Si Pascale Bourgaux dit s'être bien retrouvée sous les traits et
dans le profil du personnage féminin de la BD, il n'en est pas de même pour le
caméraman qui l'accompagnait. Il a tenu à ce que ce soit écrit sur la page de garde
de l'album. Comme quoi, le réel résiste toujours au récit.

" Les larmes du Seigneur afghan " aux éditions Dupuis.

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