Vrai ou faux
Les capsules sont-elles "moins impactantes pour l'environnement" que le café filtre, comme l'affirme Nespresso ?

Le directeur général de Nespresso, Guillaume Chesneau, a affirmé sur franceinfo qu'"une capsule Nespresso est moins impactante pour l'environnement que du café moulu ou en grain". C'est plutôt vrai si on prend bien en compte tout le cycle du vie du café, même si certaines études montrent un impact carbone équivalent entre capsules et café filtré.
Article rédigé par Lise Roos-Weil
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des capsules de café Nespresso dans une tasse (photo d'illustration , le 11 septembre 2018). (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

C'est une question que vous vous posez peut-être au petit-déjeuner : café en capsule ou café filtré, lequel est le plus écolo ? Le directeur général de Nespresso, Guillaume Chesneau a une réponse toute trouvée. "Quand on consomme une capsule Nespresso, on consomme exactement le volume de café nécessaire, l'eau nécessaire, l'électricité nécessaire, et une capsule Nespresso est moins impactante pour l'environnement que du café moulu ou en grain, toutes les études le prouvent", a-t-il affirmé sur franceinfo. Vrai ou faux ?

Une empreinte carbone par tasse moins élevée pour les capsules, sur tout le cycle de vie du café

C'est plutôt vrai, même si toutes les études ne sont pas aussi tranchées. Des chercheurs de l'université du Quebec à Chicoutimi ont publié une étude en 2023, après avoir compilé plusieurs publications scientifiques sur le sujet. En prenant en compte tout le cycle de la vie du café, de la plantation jusqu'à l'élimination des dosettes ou du filtre, une tasse de café en capsule a une empreinte carbone moins élevée qu'une tasse de café filtre traditionnel, selon leurs conclusions.

"L’empreinte carbone du mode de préparation est en fait fortement influencée par la quantité de café utilisée et l’intensité carbone de l’électricité nécessaire au fonctionnement des appareils électriques (cafetière, bouilloire et lave-vaisselle)", écrivent les chercheurs. Or, les capsules permettent de réduire les quantités utilisées et d'éviter tout gâchis, parce que tout est déjà dosé.

Moins de café utilisé


"Boire un café en capsule permet d’économiser entre 11 et 13 grammes de café par rapport à un café filtre traditionnel", poursuivent les auteurs de l'étude canadienne. "Or, la production de 11 grammes de café Arabica au Brésil émet, en moyenne, environ 59 grammes d’équivalent CO2. Cette valeur est bien plus élevée que les 27 grammes d’équivalent CO2 émis lors de la fabrication et l’enfouissement d’une capsule en plastique." Selon leurs calculs, le café le plus écolo est même le café soluble.

Ne jetez pas pour autant votre cafetière ! D'autres études, comme celle réalisée par le cabinet spécialisé Quantis pour Nespresso en 2018, ont conclu à une empreinte carbone similaire par tasse entre le café en capsules et le café filtré. En 2015, une autré étude menée par Quantis, a même différencié l'impact carbone de la tasse de café, en fonction du comportement du consommateur. Si vous ne laissez pas votre cafetière trop longtemps allumée et que vous ne gaspillez pas de café, l'impact écologique du café filtré et des capsules devient équivalent. Le consommateur a donc un rôle direct a jouer.

Quelque 16 capsules vendues par seconde en France

Pourquoi entend-t-on souvent dire que les capsules sont une aberration écologique ? Parce qu'on se concentre sur l'impact de l'emballage. Et c'est vrai : selon l'Ademe, à quantité de café équivalente, les capsules en plastique ou en aluminium génèrent dix fois plus de déchets qu'un paquet de café traditionel. L'extraction de bauxite, le minerai pour produire de l'aluminium est notamment à l'orgine de déforestation et de pollution. Or, nous consommons beaucoup de capsules : 500 millions par an rien qu'en France, soit 16 par secondes. Certains fabricants proposent donc des circuits de recylage des capsules, ou des dosettes biodégradables ou réutilisables. Mais cela ne représente pas la majorité du marché des capsules.

Même si cela peut sembler contre-intuitif, l'emballage représente en réalité une petite part du bilan carbone total du café que l'on boit. "Ne pas utiliser des capsules nous donne bonne conscience en tant que consommateur de café. Mais concentrer le débat autour des capsules est contre-productif, car cela occulte les gestes les plus efficaces pour réduire l’empreinte carbone", écrivent les auteurs Canadiens. "Il est avant tout important de limiter le gaspillage et la préparation excessive de café" parce que la production des grains de café contribue de 40 à 80% aux émissions totales de gaz à effet de serre.

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